samedi 21 décembre 2013

Le retour?

Pas facile de revenir après un an d'absence... Pour dire quoi, d'ailleurs? Juste pour faire un petit coucou? Ben voilà, c'est fait. Ça vous semble un peu court? Je reviendrai plus tard. Ou pas. On verra.

jeudi 20 décembre 2012

Plus ça change et plus c'est pareil

Je n'ai pas le courage, trop de tristesse, de rédiger moi même un texte, je reprends, à quelques mots près, un mail reçu ce matin. Plus ça change, et plus c'est pareil. C'est même pire pour ceux qui avaient, malgré tout, une vague espérance.

Ce matin lundi 17 décembre 2012, à 6h10, la police a encerclé le hangar, situé face à ***, non loin de la ***. (hangar occupé en majorité par des roms roumains venus se réfugier là après l'expulsion du camp de ***, juillet 2012). Des cars de police un peu partout, derrière, devant, sur les deux côtés du hangar et un rideau d’hommes qui arborent des protections multiples, aux jambes, aux bras, sur la tête. La police a pénétré à l'intérieur vers 7h et, sous une pluie fine et le froid, a fait sortir les habitants. Avec la centaine de policiers et de gendarmes, est également présente une dizaine de policiers municipaux.

Diantre ! aurions-nous affaire à de dangereux malfaiteurs, à des envahisseurs de énième génération ?

Et derrière tout ce petit monde circulent le directeur des services de la préfecture, des personnes du CCAS, de Roms-actions et même la *** (société de surveillance). Face à eux des militants, des sympathisants et quelques passants pour la plupart scandalisés. Dans le hangar, les adultes s'organisent, empaquettent, ficellent ; les enfants, nombreux et hauts comme 3 pommes, franchissent les jambes bien plastifiées de la police pour venir nous voir, parfois nous sourire et se réfugier dans nos bras, parfois juste nous regarder aussi, ne comprenant pas, pas plus que nous ; les plus grands ont le visage fermé et d'une grande tristesse.

Dans la cour du hangar un chapiteau est dressé et les familles, selon un scénario bien rôdé, passent devant les représentants des différentes institutions : papiers, contrôles.... Puis un passage s'ouvre et un couple arrive, puis une famille, une autre …. Certaines personnes nous ont confié des sacs, un vélo. A ce moment là, et seulement à ce moment là, nous avons pu échanger quelques mots ; ne sachant pas ce qui les attendait, ni où elles allaient être orientées, hébergées (où ?, comment ?, quelle structure ?) leurs visages sont remplis d'inquiétude. Des personnes du CCAS nous répètent que les enfants vont aller à l’école, des militantes s'en étonnent : comment partir à l’école ?

La pluie s’interrompt, recommence, les familles passent devant nous, on leur attrape la main, on échange des sourires, ils disparaissent dans des véhicules. Quelques scènes décalées arrêtent le regard : un père roumain, de notre côté, qui demande à son fils, de l'autre côté des policiers, d’aller chercher 2 pneus et il part plus loin avec ses roues ; un enfant, agrippé à une veste en fourrure, totalement silencieux, nous regarde, presque immobile dans l’agitation générale, on le photographie ; une petite fille passe entre les jambes sombres d'un policier et une personne commente : « elle est plus petite que les cuirasses » (de ces mêmes jambes).

On ne peut traverser la rangée bien alignée des policiers, des journalistes sont passés (3) et l’une d’entre eux a pris des photos, des enfants surtout, ce que l’un des membres de notre association a fait aussi mais lui s’est tout de suite reçu une volée de commentaires par l’un des flics qui voulait l'empêcher de prendre les photos, « c’est interdit », « pas du tout, on est encore en démocratie, j'ai le droit », « Je vais voir mon chef et on verra bien »… Il n’est jamais revenu,il tentait juste d’impressionner pour empêcher les traces de leur présence et de leur activité matinales de circuler. Les familles sont embarquées dans des mini-cars, avec un minimum d'affaires, et conduites au C.A.I. (centre d'Accueil Intercommunal) ; après un contrôle social (composition de la famille...) elles seront conduites vers un des 2 sites prévus et équipés d'Algeco et l'aire de stationnement aménagée et prévue pour les Gens du Voyage, derrière ***.

Un couple s'est vu notifier une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) de 30 jours, et une personne a été conduite au CRA (Centre de Rétention Administrative) de ***. [ Commentaire d’un des policiers quand la personne reçoit une OQTF : « Allez, bonnes vacances » !

Une fois le hangar vidé de ses occupants ce sont les employés de la voirie et les engins de travaux publics qui sont entrés en action ; drôle de ballet ; présence aussi des camions-plateaux qui emmènent les caravanes. Tristesse.

Il y aura eu 37 roumains (enfants, les 2/3, et adultes) et une dizaine de hongrois d'expulsés ce matin, sous un ciel blafard.

Que peuvent espérer ces familles qui disent : on voudrait travailler, on voudrait que nos enfants aillent à l'école, on voudrait une maison... Elles ont, en tous cas, tout à redouter de l'avenir dans ces hébergements, au milieu de nulle part, et que les responsables eux-mêmes qualifient de provisoires.

vendredi 26 octobre 2012

Zone à défendre

Il aura fallu huit jours pour que l'information parvienne à la surface de nos médias paresseux. Paresseux? voire... Il y a des nouvelles, et même parfois de fausses nouvelles, qui voyagent à la vitesse de la lumière. Celle-ci a fait son pti bout de chemin à pied, avec des chaussettes trempées dans de gros souliers boueux. Il s'agissait pourtant d'une guerre annoncée: dès le 15 octobre, Basta, que je consulte régulièrement et que j'aime bien, pouvait écrire:

Tout est donc prêt du côté des « forces de l’ordre » : l’assaut des zones squattées de la ZAD (zone à aménagement différé du projet d’aéroport, rebaptisée Zone à Défendre), pour la karchériser de tous ses pouilleux, aura lieu avant le 1er novembre 2012. Des centaines de gendarmes, CRS, sont prêts. Les mardi 16 et 25 novembre sont évoqués de manière insistante, peut-être le samedi 27, ça peut être un leurre pour épuiser les militants avant le véritable déclenchement dans la semaine. Cinq à huit lieux de vie sont concernés par chacune des opérations, pour disperser les forces.

C'est fait depuis une semaine. En fait, "ni fait ni à faire", comme on disait autrefois d'un boulot saboté. Car c'est malgré tout pas fini.

Les lieux ont été saccagés par une armée de plusieurs centaines de nos "gardiens de la paix" accompagnés de bulldozers et autres sympathiques engins foulant les taillis avec la délicatesse qu'on leur connaît (sauve qui peut les hérissons!). On n'en fait pas autant pour les "terroristes", qu'ils soient réels ou supposés. Le potager, défriché en janvier 2012, cultivé toute l'année a été intensivement gazé au point de rendre les légumes inconsommables. Certains "occupants sans titre" se sont réfugiés dans les arbres, dont la police a dû les déloger, sans toujours y parvenir. L'écrasement des cabanes a été suivi d'un ramassage minutieux des matériaux, héhé, on connaît l'acharnement de ces feignants, zétaient capables de reconstruire avec les débris. Les maisons ont été détruites au plus vite: on chuchote même que l'inspection du travail a dû intervenir pour cause d'amiante et de procédures obligatoires non respectées, ah mais c'est qu'il y avait urgence, d'ailleurs, l'amiante c'est pas dangereux dans l'immédiat, alors on s'en fout un peu, hein? Les maisons qu'on pouvait pas détruire de suite (certains recours n'ont pas été définitivement jugés) ont été murées. Une semaine intense, comme chacun voit: notre police et nos impôts sont bien utilisés, d'ailleurs la Confédération Paysanne, dès le 16 octobre, se demandait: "L'État n'a-t-il rien d'autre à faire?"

Ben non, hein, pas grand chose de plus important que de seconder activement Vinci, entreprise emblématique des "Grands Projets Inutiles". Par contre nos médias étaient très occupés: ailleurs. Je vous fais pas la liste des futilités dont nous avons été accablés toute cette semaine: ça me (ça vous) démoraliserait. Pourtant, la dernière en date, sur les amours d'Anne Sinclair, dont Arrêt sur Images a jugé bon de nous informer, avec distance journalistique, bien sûr, qu'est-ce que vous alliez imaginer, sous le titre "vous n'êtes pas obligés" (c'est vrai, j'aurais pu me dispenser) et dans la rubrique des "Vite dit", en accès libre. Zètes pas obligés, non plus, de cliquer sur le lien, hein!

Je vous parle spécialement d'Arrêt sur Images parce que j'y suis abonnée. Eh oui, personne n'est parfait. D'ailleurs, en choisissant bien, j'y trouve mon compte, et j'aime intervenir sur les forums. Cette semaine, je les ai harcelés. En rouge. À propos et hors de propos. Faut dire que pendant l'été, ils y avaient même envoyé un correspondant, à Notre Dame des Landes. Il devait être en vacances dans le coin. Mais en plus, dans la foulée, ils avaient fait une émission dessus. Alors, bêtement, je m'attendais qu'ils suivent l'affaire. Ben non. Dix jours, pas un mot, même pas dans la rubrique des "Vite dit" sous le titre "Vous n'êtes pas obligés". Faux espoir à l'instant, en allant chercher le lien que zètes pas obligés de suivre: la rubrique de "Matinaute" de 9h15, celle écrite par le chef en personne, Daniel Schneiderman soi-même, parlait de Jean Marc Ayrault. Paraît qu'il est aux côtés des habitants de Laguiole. Zont de la chance, les habitants de Laguiole, vont pouvoir (peut-être?) récupérer leur couteau confisqué par une grosse boi-boîte. Eh ben, vous savez quoi? Zen ont pas parlé au 20 heures. Zaiment mieux être méchants que gentils avec ce pauvre JMA. Ouais, mais alors, pourquoi rater l'occasion d'être méchants avec lui en parlant de Notre Dame des Landes?

Pourtant, on dirait que ça se réveille là dedans: je suppose que, le plus gros du boulot étant fait, on ne risque pas de nuire au bon fonctionnement de ceux qui nous protègent des malfaisants. On va donc parler à la télé de Notre Dame des Landes. Du coup, @si va regreter ses dix jours de silence. Ouvrez bien les yeux et les oreilles. Cerise sur le gâteau (ou déclencheur?) onze associations se mobilisent pour réchauffer le coeur des "pouilleux".

Et moi, je faisais quoi, toute cette semaine? De la militance (!) sur Google, en cherchant qui en parlerait (ou pas). On a les militances qu'on peut. Il ne vous a pas échappé que rien ne se passe sur ce blog depuis avril. Je cuvais cinq ans de ***. J'espérais pas grand chose de §§§, mais quand même. Puis il y a eu les Rroms, expulsés deux fois plus vite qu'avant. Le smig, saupoudré de quelques grains de poivre. Les cafouillages sur le nucléaire et les gaz de schistes. Les j'avance/je recule précipitamment, effrayé par quelque pigeons. Finalement, j'étais aussi accablée, l'amertume en plus, que sous le règne de ***. À quoi bon militer, même pour le jardinage bio? Mon objectif était pourtant modeste, mais c'était encore trop. J'avais dû fermer l'accès aux commentaires, parce que des robots imbéciles venaient régulièrement déposer des ordures non biodégradables sur mes plates-bandes pour m'inciter à spéculer, c'est bien le moment!

Je termine par un hommage spécial à Corse Matin. Qui s'est débrouillé, qui sait comment, à avoir un envoyé spécial sur la ZAD de Notre Dame des Landes, et c'était même pas les vacances.

Ah, et puis, si vous êtes dans le coin, ou si vous avez envie de voyager, ils prévoient, pour la semaine à venir et peut-être ce week end, une deuxième vague d'expulsions, les occupants sans titres de la Zone à Défendre, et ils vous invitent à "surfer". Petit détail: ils ont besoin, entre autres, de chaussettes sèches. Je peux vous le dire, ya rien de pire pour le moral que d'avoir les pieds mouillés.

samedi 21 avril 2012

L'art d'être grand mère

L'art d'être grand père faisait écrire Victor Hugo. L'art d'être grand mère ne me donne même pas le temps d'y penser. C'est ça, la différence entre un homme et une femme.

Je fais des plantations avec ma petite Gazelle, je lui fais vider régulièrement le pluviomètre, on regarde les araignées d'eau sur la mare et quelques bestioles bizarres qui pourraient bien être des larves de libellules. On fait un petit tour en draisienne, un grand tour à pied quand le ciel ne menace pas trop. Un peu de balançoire. Allumer la cheminée le soir. Vider le lave vaisselle le matin. Lire des barbapapa (je vous recommande, prémonitoire, "La maison des Barbapapa". Ou encore, des histoires améliorées d'un petit Chaperon Rouge farceur, qui désespère tellement le loup avec ses "pourquoi" que ce pauvre loup finit par se faire hara-kiri pour se débarrasser de son imprudent déjeuner.

Un enfant seul, tous les parents le savent, ça occupe plus que plusieurs, qui vont jouer ensemble et vous laisser prendre un peu de distance.

Je garde le temps de lire, pourtant, un peu. Le livre dont je vous ai parlé il y a maintenant presque un mois n'a pas beaucoup avancé: trop difficile de se concentrer. Par contre, voici un article de Florence Aubenas, pas très gai dans son contenu, mais plein d'espoir quant à une nouvelle manière de faire du journalisme.

Ils et elles sont nombreux, nombreuses, qui pourraient assurer la relève de ces insupportables éditocrates qui nous expliquent comme c'est impossible d'augmenter le Smic, et ne se demandent jamais comment c'est possible de vivre avec 1.000 euros par mois. Florence Aubenas, elle, se la pose et nous la pose. Pourquoi "Le Monde" nous fait-il tant de gros titres bidon, et ne nous colle pas ça en première page, sur trois colonnes, ou même sur cinq?

dimanche 25 mars 2012

D'où ça vient, cette phrase?

Une société entière, une nation et même toutes les sociétés contemporaines réunies ne sont pas propriétaires de la terre. Elles n'en sont que les possesseurs, elles n'en ont que la jouissance et doivent la léguer aux générations futures après l'avoir améliorée en boni patres familias.

Bah, je l'ai pas inventée, je l'ai pas lue non plus dans le texte original (quelle blague!) je l'ai trouvée dans un petit bouquin que je suis en train de lire et dont je vous parlerai plus tard.

vendredi 16 mars 2012

Mar(r)e des crapauds

Depuis 15 jours, je me promène dans mon jardin avec une lampe de poche à la nuit tombée, et j'inspecte soigneusement la mare le lendemain matin. Pas un crapaud, pas une ponte, rien, désespérément rien. Il faut laisser faire la nature, je me dis, pas s'affoler ils vont bien finir par la découvrir, la mare que nous avons creusée et aménagée en famille, rien que pour eux. Bon, c'est vrai, pas rien que pour eux, pour les libellules aussi, pour le lotus, pour le plaisir. Mais quand même...

C'est d'autant plus rageant que la petite route qui conduit chez nous en est pleine, de crapauds, la nuit. Et le matin... on y compte les cadavres.

Pourtant, je relis le Gilles Leblais "J'aménage ma mare naturelle" et plus particulièrement le chapitre intitulé "Peut-on introduire des animaux aquatiques", et il me confirme que c'est carrément déconseillé. Et d'ailleurs interdit. Diable.

Pourtant, hier soir, on a craqué. Après avoir lentement zigzagué en voiture entre les crapauds amoureux figés dans leur pose d'attente, leur museau triangulaire pointé vers la lune, après avoir évité de justesse cet étrange couple, un crapaud qui a trouvé sa crapaude et l'a escaladée pour s'y encastrer douillettement et se faire porter jusqu'à l'étang, nous revenons avec un seau, des gants, une lampe de poche. Et ploc, ploc, ploc, nos captures s'entassent. Croâ croâ, on ne sait pas si c'est d'étonnement, de réprobation, ou bien s'ils se saluent simplement, vouzici, quelle surprise, j'imagine que nous allions au même endroit, et que va-ton faire de nous?

Sur cinquante mètres, quinze bestioles. Et on est sûrs d'avoir au moins une femelle, puisqu'on a capturé un couple. Et nous voilà déversant notre cheptel sur le bord de la mare. Ils partent dans la même direction, ça grouille un peu, ils s'escaladent les uns les autres, puis certains plongent. Deux ou trois sont partis en sens inverse pourtant, vers les broussailles, et semblent y tenir puisque, remis sur le "droit" chemin, ils font demi tour, ma foi, chacun sa route, chacun son chemin.

Je relis mon bouquin-conseil et je me déculpabilise un peu. Mon jardin est un vrai paradis pour crapauds, des tas de bois qui pourrissent dans les coins, le compost où je sais qu'ils aiment se nicher, les tas d'herbes en décomposition que je laisse traîner ça et là... et puis la prairie toute proche, les broussailles en bordure, les touffes de hautes plantes vivaces... les limaces, les limaces surtout. Et, last but not least, l'an prochain, pas besoin de traverser sous les roues des bagnoles pour leurs ébats amoureux.

Voyez, c'était pour votre bien, vous me remercierez plus tard.

dimanche 11 mars 2012

Soixante mille

De Lyon à Avignon, dans la vallée la plus nucléarisée de France et probablement du monde, nous étions soixante mille à nous tenir par la main. Pour faire La Hague/Cadarache, faudrait être combien?

Dix fois plus...

vendredi 9 mars 2012

Arbeit macht frei?

Je tombe sur cette publicité, adressée aux entreprises. Avec ce titre, en gros, au dessus d'une belle photo urbaine nocturne, immeubles grandioses aux mille fenêtres illuminées, flanquée de deux ordinateurs portables. Avec cette accroche:

"Votre productivité n'aura plus de limites"

Et, en dessous, cette phrase magique:

"Offrez à vos collaborateurs la liberté de travailler en tout lieu avec nos solutions de mobilité"

Vous, je sais pas, mais moi, "offrez", j'aime, "liberté" aussi. "Offrez la liberté", je me demande... la liberté, c'est cadeau? Et "Offrez la liberté de travailler" aaaaah, nous y voilà:

"Offrez un beau collier à votre chien"

mercredi 7 mars 2012

Endives et concurrence

C'est pas rien de cultiver des endives. Ça me tente quand même un peu, mais c'est pas mal de tintouin. D'abord semer des chicorées, pas n'importe lesquelles, ya des variétés plus adaptées que d'autres. Puis, à l'automne, arracher les plants, couper les feuilles à un centimètre de leur base, ranger verticalement les racines dans une cagette, qu'elles soient assez serrées sans trop se toucher pour pas risquer la pourriture. Couvrir de terre. Mettre en cave pour l'hiver.

Les feuilles coupées repoussent de la base, mais comme elles sont à l'abri de la lumière, elles restent pâlottes. Pâles comme des endives. Tout l'hiver, au moment où les légumes sont rares, vous pourrez vous en régaler. Autrefois, les endives étaient amères, il fallait ôter un petit cône à la base et saupoudrer d'un peu de sucre pour atténuer une amertume excessive. Ce n'est plus le cas. A mon avis, "ils" ont trop bien réussi, j'aimais bien dans l'endive un petit reste d'amertume. En général, c'est une saveur que j'apprécie, salades de pissenlits, infusions de camomille, apéritif à la gentiane, pamplemousses (eux aussi sont devenus fades à mon goût), et je suis toujours étonnée que certaines personnes, pas seulement les enfants, détestent ça.

Ce matin, au réveil, sur France Info, j'entends un producteur d'endives se désoler: lui et une dizaine de ses collègues viennent d'être condamnés à une amende de 3,6 millions d'euros. Une histoire qui vaut son pesant de moutarde d'endives. Imaginez qu'on leur disait que s'ils n'arrivaient pas à vivre de leur production, ma foi, c'est qu'ils se débrouillaient mal, zavaient qu'à s'organiser. Bon sang, mais c'est bien sûr! si les paysans qui nourrissent le monde ne sont pas fichus de se nourrir eux-même, les maladroits, c'est bien la preuve qu'ils sont nuls de chez nuls, non mais? Quand il y a tant de gens qui se font plus d'un million par an en se contentant de toucher des jetons de présence ou de courir après une ba-balle, faut être niais pour pas être riche.

Il est pas content, le producteur. Ils se sont "organisés", comme on les en sommait. Malgré ça, ils n'ont pas empêché le cours de l'endive (du kilo) de passer... ah zut, j'ai oublié les chiffres: c'était moins d'un euro au départ, et ça baissait d'environ 10 centimes chaque année, c'était tombé autour de 0,80 euros. Quel plaisantin, celui là! 80 centimes le kilo d'endives, il a vu ça où? Pas dans mon supermarché préféré, en tous cas, et je veux bien parier que même dans les discount, hein... Pour se tirer un salaire, une fois enlevés les frais, faut en sortir, des endives à moins d'un euro.

Ben ce qu'on leur reproche, c'est d'avoir essayé, seulement essayé, de s'entendre entre eux sur un prix de vente minimum. Zont même pas réussi à enrayer la dégringolade. L'Autorité de la Concurrence qui les condamne à une amende qu'elle juge modérée estime que finalement, si les faits sont "graves", leur impact sur le prix des endives payé par le consommateur a été limité « dans la mesure où la grande distribution bénéficie d'une puissance d'achat telle qu'elle a pu exercer une pression à la baisse sur les prix »

Vous avez bien compris? La "puissance d'achat" de la grande distribution, on se pose même pas la question de sa légitimité. Créer d'énormes centrales d'achat qui dictent les prix aux producteurs n'est en rien une entrave à la libre concurrence. Par contre, de la part des producteurs, tenter (sans y parvenir) de s'organiser pour résister à ce bulldozer, ça c'est indigne, c'est déloyal, c'est une grave atteinte à la désormais fameuse "concurrence libre et non faussée", que je nomme pour ma part "concurrence librement faussée" (par ceux qui en ont les moyens).

Ah, j'oubliais: l'endive est un des rares légumes à contenir du sélénium en quantité importante. Protecteur, semble-t-il, contre certains cancers... mais toxique si on abuse.

mardi 28 février 2012

Le rose de la honte

Désolée, le courage me manque pour faire des commentaires!

mercredi 15 février 2012

Demain, il enlève le bas

Jamais un teasing n'aura été aussi bavard. Journaux, radios, télés, nous harcèlent avec la "révélation" attendue. Vais-je en rajouter? ma foi, le moins possible.

Simplement vous rappeler une inoubliable campagne publicitaire, qui date désormais de 30 ans. Et vous faire observer qu'après s'être longuement fait admirer de face, c'est de dos que la donzelle a terminé sa campagne. Avec ce slogan qui prend tout son sel en ce moment:

« Avenir, l'afficheur qui tient ses promesses »

vendredi 10 février 2012

Cette admirable civilisation occidentale

L'incident n'occupe que cinq cases dans l'album "Le Lotus Bleu", en bas de la page 7. Mais, sans savoir vraiment où le retrouver dans les foisonnantes aventures de Tintin, je l'avais mémorisé au mot près. Alors, pour mon précédent billet, je l'ai cherché et retrouvé.

En se portant au secours d'un chinois malmené par un européen (Votre conduite est indigne d'un gentlemen, monsieur!) Tintin s'est fait un ennemi. Le gros bonnet, qui s'appelle Gibbons, prend à témoin ses amis:

"Où allons-nous si nous ne pouvons même plus inculquer à ces sales jaunes quelques leçons de politesse?... C'est à vous dégoûter de vouloir civiliser un peu ces barbares!... Nous n'aurions donc plus aucun droit sur eux, nous qui leur apportons les bienfaits de notre belle civilisation occidentale?... Cette admirable civilisation occidentale qui..."

Là, d'un ample geste du bras, Gibbons, plein d'un juste enthousiasme, renverse le plateau du serveur qui leur apportait les consommations. Et se jette sur lui à coups de poing.

"Tu l'as fait exprès, sale Chink!... Je m'en vais t'apprendre, moi, à manquer de respect à un homme de race blanche!..."

Et Gibbons, essoufflé, se rassoit et tente de reprendre ses esprits:

"Où en étais-je?... Ah oui! notre belle civilisation occidentale..."

La première version du Lotus Bleu date de 1934. La version colorisée de 1946. Quelques mots ont vieilli, on n'oserait plus publiquement "sale jaune", "sale Chink" "barbares".

"Mais... le matou revient, le jour suivant, le matou revient, il est toujours vivant."

Le bon sens et l'évidence

Le bon sens et l'évidence nous disent que le soleil tourne autour de la terre. Je me lève le matin, il est sur ma gauche. Puis je le vois, à l'évidence, monter dans le ciel, redescendre, et enfin disparaître à ma droite. En réalité, le bon sens et l'évidence ne vont même pas jusque là, car ils pensent, ils voient bien, que la terre et plate. J'ai rayé "ils pensent", le bon sens et l'évidence évitent de penser.

Le bon sens et l'évidence sont allés jusqu'à foutre en taule ceux qui disaient que la terre était ronde (les idiots!) ou qui prétendaient que non seulement le soleil ne se levait ni ne se couchait mais qu'en plus c'était la terre qui lui tournait autour et qui tournait sur elle même. Autour du soleil en un an. Sur elle même en 24 heures. Si elle tournait sur elle même, la terre, ça se saurait. On le sentirait, non? On verrait les arbres défiler... euh le soleil bouger... bon, peu importe.

Le bon sens et l'évidence me disent que ma manière de vivre, de penser le monde, de concevoir les relations avec les autres vivants et l'ensemble de la nature sont les meilleures qui se puissent concevoir. Les inquisiteurs le pensaient. Les nazis le pensaient. Notre "admirable civilisation occidentale" (Tintin et Milou, Le Lotus Bleu, page 7) en est persuadée.

Le bon sens et l'évidence, si précieux quelquefois, nous font aussi penser, dire et faire de fameuses conneries. Surtout quand nous tentons d'imposer notre "point de vue" à autrui.

Quand un enfant grandit, vient un moment où il acquiert la capacité de s'extraire de sa vision auto centrée pour se projeter dans l'esprit de l'autre. Moi, je vois ça, se dit-il, mais l'autre, en face, ne voit pas la même chose. J'ai vu ça, mais lui n'était pas là, il ne l'a pas vu, ou inversement, il me raconte quelque chose que je n'ai pas vu moi-même, faut que j'y réfléchisse. Moi, je pense ça, mais elle, à côté, pense différemment. Vient le moment où il est capable de dire, "j'aime pas les épinards, mais mon frère, il adore ça", au lieu de dire "bêêêh, c'est pas bon les épinards".

Plus tard, au lieu de s'exclamer "Comment peut-on être Persan?", il deviendra capable de s'émerveiller en découvrant d'autres manières de voir le monde, de s'interroger sur ces différences. Il ira peut-être même (sacrilège, blasphème, hurlait la Sainte Inquisition) jusqu'à prendre des distances avec ses propres évidences.

Ma foi, nous avons placé à des postes dirigeants, nous avons confié nos vies et notre avenir à des gens qui n'ont pas encore atteint ce stade de... développement, et qui en sont fiers. De très vieilles ombres sont de retour, elles nous fixent sans trembler.

mardi 31 janvier 2012

Vu par en d'ssus ou par en d'ssous

Ma (re) trouvaille de ce matin:

Voilà comment ça se passe: je lis un texte d'Anne Sophie sur "Arrêt sur images". Puis je lis les commentaires sur le forum. Parfois (souvent même) je glisse mon grain de sel. Répondant à Dominique Godin qui critique l'utilisation du mot "charges" quand on parle des cotisations sociales, je clique, presque machinalement sur le lien qu'il fait à propos des questions de "points de vue".

Et je tombe sur çà. Je la connaissais bien cette chanson, drôle, fine, émouvante, tellement humaine. Et "radicale" aussi. Populiste? Héhé... populiste, je veux bien. Si vous saviez comme je suis bouleversée et heureuse de l'avoir retrouvée. Je me souvenais d'une bonne partie des paroles, et aussi de cette mélodie légère et grave, mais j'aurais été bien en peine d'en nommer le chanteur et encore moins l'auteur, pardon, l'autrice.

lundi 23 janvier 2012

Les enfants du placard

"Les conditions dans lesquelles les enfants ont été détenus, pendant quinze jours, dans un milieu d’adultes, confrontés à une forte présence policière, sans activités destinées à les occuper, ajoutées à la détresse des parents, étaient manifestement inadaptées à leur âge. Les deux enfants, une fillette de trois ans et un bébé, se trouvaient dans une situation de particulière vulnérabilité, accentuée par la situation d’enfermement. Ces conditions de vie ne pouvaient qu’engendrer pour eux une situation de stress et d’angoisse et avoir des conséquences particulièrement traumatisantes sur leur psychisme."

Dites moi, je dois pleurer ou me réjouir? Pleurer à cause de tous ces enfants (combien sont-ils?) à avoir été arrachés à leur vie d'avant pour se retrouver ne serait-ce que quelques jours dans ces placards que nous appelons pudiquement centres de rétention? Me réjouir parce qu'il semble que la Cour Européenne des Droits de l'Homme se soit enfin aperçue de quelque chose, me réjouir parce que désormais il n'y aura plus d'enfants en centre de rétention?

Ou pleurer parce que ça a été possible cette honte, mais surtout parce que ça ne va rien changer aux pratiques de "cette France là" qui enferme certains enfants dedans, d'autres enfants dehors, et d'autres enfin dans des immeubles voués à l'incendie par leur vétusté.

Cette même "France" qui trouve qu'on attaque "LA FAMILLE" en parlant de toucher au quotient familial dans les déclarations de revenus.

jeudi 22 décembre 2011

Violence physique et normes linguistiques

Je suis en train de lire dans la "Revue des livres" de novembre décembre 2011 un article intitulé "Pour une politique de la traduction". Et je tombe, dans un entretien avec Emily Apter, professeure de littérature comparée à la New York University, sur ce paragraphe qui résonne très fort avec les récents incidents liés à l'accent d'Eva Joly, et qui me donne la clé de l'émotion quasi physique qui m'avait envahie alors:

"Pendant l'année que j'ai passée en Angleterre, l'école m'a en effet forcée à prendre des cours de diction pour m'apprendre à "parler correctement" selon les standards britanniques. Le sentiment de honte que l'on éprouve à devoir se défaire d'un "mauvais accent" - si bien exprimé par Derrida dans Le Monolinguisme de l'autre ou par Theresa Hak Kyung Cha dans Dictee - m'a fait prendre conscience de la violence proprement physique dont s'accompagne l'imposition de normes linguistiques. Cette expérience m'a fait comprendre de manière très concrète ce que signifie le fait de légitimer ou de délégitimer certaines manières de parler"

Bon, rassurez-vous, j'ai pas tout compris dans le reste de l'article, mais j'aime bien lire des trucs que je comprends pas bien. Si je comprends tout, ça veut dire que j'apprends rien.

dimanche 18 décembre 2011

Mille milliards de mille sabords

Ma parole, mais d'où ils les sortent, tous ces milliards?

Le Yéti vous l'explique: de nulle part, ils n'existent pas. Ah bon?

mercredi 14 décembre 2011

Violettes de décembre

Si vous refusez de me croire, je vous en voudrai pas, j'y crois pas moi-même.

Ce matin, sortant de chez moi... un parfum de violettes. Hallucination olfactive? Je décide, quand même, de chercher un peu. À gauche du chemin, des pervenches. Je les avais déjà repérées, ce mois de décembre est fou. Mais les pervenches, ça sent rien ou pas grand chose. Je cherche alors à droite, sous les arbres désormais défeuillés. Et oui. Deux violettes.

Je sais pas ce qui m'étonne le plus: des violettes en décembre, c'est pas courant, il est vrai. Mais les avoir repérées à l'odeur? J'y crois pas moi-même!

mercredi 30 novembre 2011

La carotte indignée

Zavez déjà vu une carotte sauvage? Facile à reconnaître quand c'est en fleur: une ombelle blanche comme il y en a beaucoup, beaucoup qui se ressemblent toutes, attention, la ciguë en fait partie. Mais, avec comme signe distinctif absolu, irréfutable, une petite fleur plus foncée, noire, mauve, violine en plein milieu de l'ombelle. C'est comme ça que mon petit jardinier, à trois ans, s'était taillé un fort beau succès en identifiant une fleur de carotte au bord d'un chemin.

Avec cet été-automne qui fait du rab, vous avez peut-être encore quelques chances d'en trouver. Arrachez la belle, c'est pas une fleur protégée, rassurez-vous. La racine sent, indubitablement, la carotte. Sinon, gare, tout ce qui est naturel n'est pas bon. Si vous êtes bien sûr que c'est un plant de carotte, fleur foncée centrale, odeur caractéristique, vous pouvez grignoter. Ça a le goût de la carotte, aussi. Seulement... c'est blanc (pas grave, ya des carottes blanches) mais surtout c'est plutôt petit, ramifié, et très fibreux. Vous pourriez peut être faire ça en soupe, ou plutôt en bouillon en filtrant bien, et à condition d'en arracher beaucoup.

Ya pourtant des gens, ya trèèèès longtemps, qui ont pensé que cette racine coriace avait de l'avenir. Qui ont patiemment, année après année, sélectionné les meilleurs plants pour en récolter les graines, puis encore et encore, jusqu'à ce que ça atteigne une taille raisonnable, qu'on ait quelque chose à se mettre sous la dent. Et ça continue aujourd'hui, des jardiniers, des grainetiers, cultivent, observent, goûtent, sélectionnent. Je vous parle de la carotte, mais les choux, les laitues, les blés, les riz, c'est tout pareil. Imaginez, en regardant votre racine de carotte, le boulot qu'il a fallu pour en faire la carotte que vous connaissez aujourd'hui. Des paysans, siècle après siècle, ont fait ce travail, patients et obstinés, sans penser que le profit en reviendrait à d'autres.

Car parmi les grainetiers qui ont pris le relais, certains ont imaginé avoir le droit, le droit du plus fort évidemment, de s'approprier tout ça et d'y coller LEUR étiquette, à eux, perso. Collectivistes, quoi, du genre tout ce qui est à toi est à moi. C'était déjà gonflé, non? Pourtant, personne a protesté. Ils offraient, paraît-il, une garantie. De conformité, de régularité, de fertilité, bref tout un cahier des charges dont je ne discute pas, sauf à la marge, l'utilité. Par exemple on aime bien (va savoir pourquoi) que dans un plat, toutes les rondelles de carotte aient la même taille et la même forme, c'est pour ça que les carottes coniques d'autrefois sont devenues cylindriques. Le goût? Secondaire.

Ça aurait pu leur suffire, non, aux semenciers dominants? Bé non, le capitalisme porte en lui le germe mortel du "toujours plus". Ils avaient volé aux paysans leur travail séculaire, mais ils continuaient à le partager avec eux, car le savoir a ceci de magique qu'on peut le partager sans en perdre une miette, et même en l'enrichissant. Un autre germe mortel du capitalisme, c'est celui de l'exclusivité, de la non concurrence. C'est un pur mensonge, quand ils nous bassinent avec la "concurrence libre et non faussée", qu'on ferait mieux d'appeler la concurrence librement faussée.

Voilà donc qu'ils ont trouvé insupportable que des paysans, pas nombreux chez nous, mais ça revient, un peu plus dans les pays pauvres où c'est vital, continuent à fabriquer eux-même leurs graines, comme ils le faisaient depuis plusieurs milliers d'années, sans se soucier du fait qu'on les trouvait aussi en sachets avec de grosses étiquettes copyright.

Eh ben non, c'est fini, le hold-up est complet. Et ils ont même trouvé des législateurs, défenseurs théoriques du bien public, pour en faire une loi.

J'ai vu récemment le film "Tous au Larzac". Ce film drôle, sympa, instructif, émouvant met en évidence, entre autres, la différence entre légal et légitime. Et la supériorité, forte et indiscutable, du légitime sur le légal. Le légitime doit devenir, redevenir, légal.

Et en attendant, on fait quoi?

vendredi 18 novembre 2011

Heureuse au fond de sa poubelle

Je me souviens de deux de mes révoltes d'enfant: d'abord, je me plaignais que les garçons aient droit à des jeux "pour de vrai", alors que les nôtres étaient toujours pour "de semblant". Ensuite, la chanson "Trois jeunes tambours" me faisait beaucoup de peine. J'avais bien repéré, sans avoir encore les mots pour le dire, que c'était un combat de prestige entre deux mecs, et je trouvais terriblement injuste que la "fille du roi" en soit l'enjeu malheureux, son sort étant aussi indifférent à son père qu'à son amoureux éphémère. En vrai, et sans trop oser le dire, vu le prestige des princesses, je la trouvais conne aussi: pleurer "toute sa vie" pour un pareil goujat?

C'est pas si grave, bien sûr, jouer, c'est jouer, peu importe à quoi et on y prenait de vrais plaisirs à nos jeux nunuche. Et "trois jeunes tambours" c'était qu'une chanson après tout. Finalement, avec le recul, je m'aperçois que j'avais mis le doigt sur deux piliers de notre oppression. Nos jeux nous préparaient à notre rôle de bobonne, et ceux des garçons, par la plus grande liberté qu'ils leur laissaient, visaient à les "aguerrir". Quant à la chanson, elle dévoilait le destin de bien des femmes, à jamais dépendantes propriétés d'un mec, voire de deux qui se les disputent sans aucun égard pour leur personne. Comme dans cette bande dessinée, où "Paulette" fait le ballon entre deux équipes, l'une qui lui veut du mal, l'autre qui lui veut du bien.

Cette petite fille, souriante dans sa poubelle, m'a complètement ahurie par son ambiguïté. Il est même impossible d'en faire une critique raisonnée, tant elle touche profond en moi. Quelle que soit la volonté du publicitaire, je lis "A la poubelle, et heureuse d'y être". Bien sûr, les gentilles filles font ce qu'on leur dit, elles trient les ordures et mettent bien ce qu'il faut là où il faut, quitte à se mettre elles-même au fond d'une poubelle, alors que les méchants garçons, ben i font nimp, et on doit les rééduquer. Un peu, pas trop, sont tellement mignons avec leur sourire diabolique, comme sont mignonnes d'ailleurs les filles, résignées au fond de leur poubelle.

La vidéo m'a encore plus ahurie. Loin du cynique "jeune tambour", voilà que le héros de papier va rejoindre sa belle pour un recyclage romantique, et que sur la dernière image, on les voit tous deux sombrer, ensemble, dans une indifférenciée pâte à papier. Une allégorie de la crise, qui broierait, l'un après l'autre, et de façon égalitaire, les filles comme les garçons?

Et m'embêtez pas, hein, la pub, c'est fait pour nous faire rê-ver, alors je rêve. Comme il y a des contes d'avertissement, il y a des rêves d'avertissement.

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