Le joueur de flûte de Hammeln et les lanceurs d'alerte

Par cultive ton jardin le mercredi 16 juillet 2008, 09:19 - Cette France là - Lien permanent

Je suis en train de lire "Le Monde selon Monsanto", de Marie-Monique Robin. Ce livre accompagne le documentaire du même nom, diffusé sur Arte en mai ou juin dernier, et disponible en DVD.

Indépendamment du tournis que donne l'accumulation d'invraisemblables dysfonctionnements des instances supposées protéger notre santé, j'y ai sélectionné pour vous ce tout petit paragraphe (p. 54/55):

Il s'agit de l'histoire terrible de "l'amiral Elmo Russel Zumwalt Jr, promu en 1968 commandant des forces navales au Vietnam. Il dirigeait la flotte des bateaux qui patrouillaient dans le delta du Mékong. Pour protéger les "marines" des embuscades tendues par les Viêt-Congs dans cette zone stratégique, il ordonna d'arroser les côtes d'agent orange. Il se trouve que le commandant de l'un de ces bateaux était son propre fils, Elmo Russel Zumwalt III, qui mourra d'un cancer et d'une leucémie, à quarante deux ans, en laissant un orphelin atteint de divers handicaps. Dès lors, l'amiral Zumwalt remue ciel et terre pour que le secret qui entoure la dioxine soit enfin levé."

Normalement il n'y a rien à ajouter. Je voudrais pourtant dire que mon propos n'est pas d'en rajouter, justement. Encore moins de pleurer sur le passé ou d'argumenter une malsaine repentance (je déteste ce mot). Mais de vous, de nous demander à tou(te)s: que faisons nous, que taisons nous aujourd'hui qui demain... Et de tirer mon chapeau à tous les lanceurs d'alerte qui, en ce moment même, paient cher leur courage. La liste s'allonge.

Car s'il est effarant que tant de professionnels de haut niveau continuent de se faire complices de ces "crimes en cols blanc" comme l'écrit Marie-Monique Robin, il est également étonnant que d'autres rompent l'omertà et s'y acharnent malgré ce que ça leur coûte...

Commentaires

1. Le jeudi 17 juillet 2008, 20:27 par Patrick

Bon, alors, je me lance : "mon voisin est un gros con nuisible qui fait rien qu'a répandre des nitrates sur ses limaces!". Ah, ça faisait longtemps que je taisais ça. Maintenant ça va mieux.

Nan, allez, je déconne :-)

Tout de même une chose que j'ai remarquée : le tapage fait autour des misères que rencontrent les lanceurs d'alerte est souvent le canal pas lequel les fameuses alertes me parviennent. Suis-je seul à penser que ces gens-là lancent le plus souvent dans le vide, et que sans le "scandale" des attaques dont ils sont victimes, ils ne trouveraient pas de relais et ne seraient victimes que de l'indifférence ?

2. Le vendredi 18 juillet 2008, 08:13 par La Sardine Masquée du Port

Pas vraiment d'accord avec Patrick, je pense que le besoin d'alerter est plus lié à une prise de conscience (attention je vais employer un gros mot) éthique et donc philosophique.
Vois des cas type Erin Brokowitch ou autre chieur tenace et buté, ils ne sont pas tous allés au scandale mais on fait avec.

3. Le vendredi 18 juillet 2008, 08:53 par Patrick

@La Sardine : je me doutais bien que je n'avais pas été très clair. :-) Je n'ai surtout pas dit que les "lanceurs" allaient volontairement au scandale. Il ne s'agit donc pas vraiment d'être d'accord où pas avec moi, vu que je ne donnais pas d'opinion, je posais juste une question : pourquoi les "alertes" ne me parviennent-elles jamais, en temps "normal" ? c'est-à-dire sans que j'apprenne en même temps que "le lanceur" à subit des pressions pour les avoir lancées. Comme s'il n'existait pas, finalement, de relais "normaux" pour ces alertes.

De fait, je pose plutôt la question du rôle normal des médias dans ces histoires : sans scandale, ils n'assurent pratiquement pas de relais aux "lanceurs".

4. Le vendredi 18 juillet 2008, 17:29 par cultive ton jardin

Oui, je crois que c'est un clou dans la chaussure de nos saigneurs: s'ils n'en parlent pas ils les laissent répandre leurs vérités pas bonnes à dire, s'ils les contrent, ils leur font de la pub.

Mais j'ai tendance à croire qu'ils ne commencent à attaquer (au risque d'amplifier les choses) que lorsque ça commence à avoir de l'impact.

5. Le vendredi 18 juillet 2008, 22:04 par Patrick

Peut-être bien, mais c'est un vieux clou, alors, qui date de la nuit des temps de l'art de gérer la propagande et ses "effets de bords" ;-)

6. Le jeudi 28 août 2008, 21:32 par Jean Claude Goujat

Des dysfonctionnemets?non des anarques volontaires,c'est volontairement que que les contrôles n'ont pas fonctionné.Pour satisfaire à la loi du profit.
Le "pantouflage" généralisé,on passe de Monsanto aux organismes de contrôles et vice-versa avec une telle façilité.
Je suis moi aussi en train de le lire.Et ça fait peur,faut pas trop réfléchir avant de passer à table,sinon on va paranoïer sévère.