Je suis en train de lire dans la "Revue des livres" de novembre décembre 2011 un article intitulé "Pour une politique de la traduction". Et je tombe, dans un entretien avec Emily Apter, professeure de littérature comparée à la New York University, sur ce paragraphe qui résonne très fort avec les récents incidents liés à l'accent d'Eva Joly, et qui me donne la clé de l'émotion quasi physique qui m'avait envahie alors:
"Pendant l'année que j'ai passée en Angleterre, l'école m'a en effet forcée à prendre des cours de diction pour m'apprendre à "parler correctement" selon les standards britanniques. Le sentiment de honte que l'on éprouve à devoir se défaire d'un "mauvais accent" - si bien exprimé par Derrida dans Le Monolinguisme de l'autre ou par Theresa Hak Kyung Cha dans Dictee - m'a fait prendre conscience de la violence proprement physique dont s'accompagne l'imposition de normes linguistiques. Cette expérience m'a fait comprendre de manière très concrète ce que signifie le fait de légitimer ou de délégitimer certaines manières de parler"
Bon, rassurez-vous, j'ai pas tout compris dans le reste de l'article, mais j'aime bien lire des trucs que je comprends pas bien. Si je comprends tout, ça veut dire que j'apprends rien.