IVG: Elles vont bien, merci. Mais...
Par cultive ton jardin le dimanche 10 avril 2011, 15:54 - Femmes - Lien permanent
Le blog vient d'ouvrir. Quelques témoignages, déjà. De femmes qui ont avorté, qui n'ont jamais regretté leur décision, qui vont bien aujourd'hui, cinq ans, dix ans, vingt ans plus tard. Mais qui n'ont pas oublié qu'on les a traitées comme des coupables, qu'on ne s'est pas soucié de leur douleur. Qu'on leur a bien fait sentir qu'une patiente venue pour une IVG n'a pas droit aux mêmes égards que les autres.
D'autres témoignages vont venir enrichir le contenu de ce blog. Vous pouvez y participer si vous le souhaitez. Ne laissez pas d’informations qui, croisées, permettent de vous identifier (sauf si vous y tenez) mais dites-nous un peu qui vous étiez à ce moment-là (âge, catégorie professionnelle, situation sentimentale…). Notre liberté d'avortement est contestée, soit ouvertement par les commandos anti-IVG à la porte des hôpitaux, soit plus sournoisement par des embûches, des délais, des fermetures de centres parmi les plus respectueux, des comportements peu déontologiques, soit encore par une dramatisation orchestrée, les femmes ne s'en remettraient pas, le nombre d'avortements serait en hausse (faux) il toucherait de plus en plus d'adolescentes (très légère augmentation d'un chiffre déjà bas, mais comment l'analyser?).
Jamais on ne rappelle que le nombre d'avortements clandestins, on ne l'a jamais su. Les 343 l'évaluaient à un million. D'autres parlaient de 500.000. Aujourd'hui, c'est 220.000, et le chiffre stagne, car si le nombre des grossesses imprévues baisse, signe d'une contraception plus efficace, elles sont plus souvent interrompues qu'avant. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'en meurt plus.
Combien en en mouraient, combien en restaient stériles ou durement traumatisées, à l'époque des avortement clandestins, en clinique privée à l'étranger pour celles qui avaient les moyens et les relations, chez une avorteuse plus ou moins propre pour celles qui réussissaient à réunir le fric nécessaire, ou par leurs propres moyens, parfois aussi barbares qu'inefficaces pour les malheureuses sans appui et sans argent? On ne l'a jamais vraiment su non plus.
J'ai comme le sentiment que certains voudraient revenir à cette époque bénie des dieux. Vigilance et détermination, ne laissons pas faire.
Commentaires
ce que je suppute chez les anti-avortements en général, du fait de leur apparent puritanisme, c'est une condamnation radicale de la fatalité de toute liaison amoureuse ou sexuelle. ce n'est pas la liberté qui les gêne. c'est qu'autrui ait eu ou aurait pu, vivre un bonheur qu'ils s'interdisent ou qu'ils pensent leur être interdit.
on ne doit pas être heureux par le sexe d'une façon qu'eux ne puissent pas vivre.
ils s'imposent le natalisme comme seule voie sexuelle, comme seule fierté ou vanité sociale, comme seul fondement de leur identité sociale : et cela les contraint eux-mêmes au risque de ne jamais être simplement amoureux, fatalement, d'une rencontre ayant généré un emballement hormonal ayant conduit au rapport sexuel puis à la fécondation.
ils se condamnent à la misère économique et culturelle induite par des naissances qu'il leur sera impossible de développer de façon optimale sur les plans affectifs, et culturel et économique. parce que une naissance ça coûte économiquement et bien plus encore en investissement d'attention affective et pédagogique.
alors leur message aux femmes fécondées par la fatalité de l'emballement hormonal, c'est que c'est bien fait pour leur gueule et que maintenant elles vont payer leur "petit" bonheur sexuel ou amoureux en vivant avec leur progéniture la misère... la souffrance... etc...
chez les natalistes, la naissance c'est une punition qu'ils imposent à tous ceux et celles qui dérogent à leur puritanisme, à leur jalousie fantasmatique à l'égard du bonheur présupposé chez autrui...
négation des rapports forcés, négation de la fatalité, négation de la domination phallocrate etc... en punition de la fatalité de l'autre, de la fatalité du corps, de la fatalité naturelle... en punition de la vie.
les natalistes anti-ivg haïssent la vie fondamentalement et leur discours du respect de la vie est un mensonge odieux.
Tu accordes beaucoup d'importance aux motivations individuelles, à la problématique intérieure de chacun. Et ces problématiques individuelles existent, certes.
Mais cette lecture ne rend pas compte des mouvements de société qui, sous la pression du nombre et de l'action (les IVG pratiquées et revendiquées) obligent en 1975 un gouvernement qui ne le souhaitait pas à changer une loi périmée. Ça ne rend pas compte non plus de la régression sournoise et, à mon avis, orchestrée que nous vivons en ce moment.
Et si, comme je n'ose pas trop l'espérer, nous assistons à une remise en cause massive de cette régression, ce ne sont toujours pas les problématiques individuelles, quasi inchangées, qui l'expliqueront.
ben si
actuellement
ce qu'on voit c'est précisément le renforcement par l'idéologie dominante d'un certain profil de motivations individuelles, motivées par la haine de la vie et la jalousie, qui poussent à se regrouper pour faire pression sur les discours des pouvoir en place, en utilisant l'électoralisme, non sens démocratique, de ces pouvoirs en places, afin de mettre en place une régression totale, socialement, idéologiquement, politiquement, philosophiquement, un retour à des époques sombres.
le fascisme est un mouvement global de réunions de motivations individuelles fondées sur la haine de l'autre.
Paul : je commence par dire que je ne suis pas anti-IVG, pour ne pas me faire sauter sur le râble. Mais chez ceux que je connais, la question n'est pas d'interdire le sexe ou le plaisir qu'on y trouve (où avez-vous été pêcher ça ?) mais de croire, ou pas, que l'embryon est une personne. Il me semble qu'il y a là une question éthique qu'on aurait tort de réduire à, je vous cite, la haine de la vie et la jalousie.
L'embryon est-il une personne ? J'ai toujours pensé que le débat était étrangement faussé par cette question vu que celleux qui sont anti IVG sont souvent aussi pro peine de mort. Et indiscutablement, un assassin est une personne...
Là aussi, Christine, je serais curieuse de voir des statistiques. Sur mon petit échantillon, non représentatif j'en conviens, c'est faux.
Je ne me pose pas la question en ces termes. Un enfant désiré, investi, est une personne "virtuelle" dès avant sa conception. Il n'a d'existence qu'à travers le désir de celle qui le porte. Privé de ce désir, il est seulement un amas de cellules.
Autrefois, la religion catholique pensait que le foetus était un être humain à partir du moment où l'âme s'y installait. On est un peu dans la même logique, non?
Curieusement, d'ailleurs, cette âme sexiste s'installait plus tôt (plus volontiers?) chez un foetus masculin. Pour le foetus féminin, c'était quatre mois. Pour le masculin, j'ai oublié. C'était d'ailleurs curieux, cette distinction, l'échographie n'existait pas, hein.
où est-ce que je suis allé pêché ça ?
ben c'est très simple
en observant les gens que je subis depuis mon enfance
ce sont des catholiques et des intégristes pour beaucoup, mais aussi des protestants et des musulmans.
et la question de la personnalisation du foetus chez ces gens là est une élucubration qui est un mensonge pour cacher leur haine de toute sexualité hors reproduction ainsi que leur possessivité sur l'enfant qui est un capitali de respectabilité sociale totalement vaniteuse.
c'est aussi un mensonge pour cacher leur haine du bonheur de ceux qui vivent la sexualité en tant que plaisir affectueux indépendant de toute reproduction et possessivité sur autrui.
ça masque aussi toute leur volonté de puissance sur l'enfant qui n'est pas un être en lui même mais leur chose qui se doit d'être ce qu'ils veulent qu'il soit et non pas qu'il se construise dans le monde...
etc...
Je suis pour le droit à l'avortement, j'estime que c'est à chaque femme de choisir librement, et suis extrêmement choquée par les conditions décrites dans ces témoignages.
Par contre, je regrette qu'on n'insiste pas plus sur l'importance de la contraception (un seul des témoignages le relève !), je regrette de lire encore et encore "on faisait attention... coït interrompu... oubli de pilule...", de toute évidence une certaine imprudence ou un manque d'information déplorable. L'avortement est un droit, la contraception un devoir.
Bonjour !
Je me permets de signaler l'article de Sylvie Kerviel dans le Monde télévisions à l'occasion de la diffusion sur C+ du docu de Caroline Fourest et Fiammetta Venner sur "les petits soldats contre l'avortement".
L'article est en p.12 du fichier pdf mis en lien.
@ Céline: tu as raison, mais dans le cadre de cet appel, nous voulions surtout insister sur la défense d'une liberté durement acquise que nous ne voulons pas perdre.
Par ailleurs, deux grossesses non désirées sur trois surviennent dans le cadre d'une contraception correcte. Les témoignages recueillis ne sont pas assez nombreux pour en faire une généralité.
Mon hypothèse, c'est que dédramatiser l'avortement va dans le sens d'une meilleure prise en charge de sa contraception, car l'angoisse produit souvent un effet de sidération ou de déni. On se protège mal de ce qu'on refuse d'envisager.
@ Juléjim: le lien que tu donnes ne fonctionne pas. par contre, j'ai lu la critique de Télérama, qui reproche à ce documentaire de trop s'appesantir sur la situation, tragique, des USA et de ne pas parler suffisamment de ce qui se passe en France. Par ailleurs, c'est sur Canal +, donc à diffusion restreinte.
Apparemment, le film reste à faire.
Paul : c'est sûr qu'avec des éléments aussi convaincants, et surtout aussi peu caricaturaux, tu ne te situes pas du tout au même niveau que les gens qui traitent les pro-IVG de meurtriers, tiens.
Arrgh !!! le lien n'est plus fonctionnel en effet. Désolé. Ça eut marché pourtant, mais ça marche plus !
:-(