L'Espagne nous tend la main

Traduction du Manifeste de la Puerta del Sol (par Jean-Paul Brodier). J'ai trouvé ça sur le blog de Fabrice Nicolino, je suppose qu'on peut aussi le trouver ailleurs.

Nous sommes des gens ordinaires. Nous sommes comme vous : des gens qui se lèvent chaque matin pour étudier, travailler ou trouver un emploi, des gens qui ont une famille et des amis. Des gens qui travaillent dur pour procurer un avenir meilleur à ceux qui les entourent.

Certains parmi nous se considèrent progressistes, d’autres conservateurs. Certains parmi nous sont croyants, d’autres non. Certains parmi nous ont des idéologies bien définies, d’autres sont apolitiques, mais nous sommes tous inquiets et en colère au sujet du paysage politique, économique et social que nous voyons autour de nous : corruption parmi les politiciens, les hommes d’affaires et les banquiers qui nous laissent sans recours et sans voix.

Cette situation est devenue la norme, une souffrance quotidienne, sans espoir. Mais si nous assemblons nos forces, nous pouvons la changer. Il est temps de changer les choses, temps de construire ensemble une meilleure société. C’est pourquoi nous affirmons fortement que les priorités de toute société avancée doivent être le progrès, la solidarité, la liberté de la culture, la durabilité et le développement, le bien-être et le bonheur des peuples.

Voici des vérités inaliénables auxquelles nous devrions nous attacher dans notre société : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation à la vie politique, à la liberté du développement personnel, les droits des consommateurs pour une vie heureuse et en bonne santé.

L’état actuel de notre gouvernement et de notre système économique ne se soucie pas de ces droits et de beaucoup de façons s’oppose au progrès humain.

La démocratie appartient au peuple (demos = peuple, kratos = force), cela signifie que le gouvernement est composé par chacun de nous. Toutefois, en Espagne, la majorité de la classe politique ne nous écoute même pas. Les politiciens devraient porter notre voix aux institutions, permettre la participation des citoyens à la politique par des canaux directs qui apportent les plus grands bénéfices à l’ensemble de la société et non pas s’enrichir et prospérer à nos dépens, à l’écoute exclusive de la dictature des principales puissances économiques, ni les maintenir au pouvoir dans un bipartisme conduit par les acronymes inamovibles PP & PSOE.

L’appétit de puissance et d’accumulation de quelques-uns crée les inégalités, les tensions et les injustices, lesquelles conduisent à la violence, que nous rejetons. Le modèle économique anti-naturel et obsolète pousse la machine sociale dans une spirale de croissance qui la consume elle-même, enrichit quelques-uns et plonge les autres dans la pauvreté. Jusqu’à l’effondrement.

L’intention et l’objet du système actuel est l’accumulation d’argent, sans égard pour l’efficacité ni le bien-être de la société. Gaspillage des ressources, destruction de la planète, création de chômage et de consommateurs malheureux.

Les citoyens sont les rouages d’une machine conçue pour enrichir une minorité qui ne tient pas compte de nos besoins. Nous sommes anonymes, mais sans nous rien de cela n’existerait, parce que nous sommes les moteurs du monde.

Si, en tant que société, nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une économie abstraite, qui ne restitue jamais les bénéfices à la majorité, alors nous pouvons mettre fin aux mauvais traitements dont nous souffrons tous.

Il faut une révolution éthique. Au lieu de placer l’argent au-dessus des êtres humains, nous le remettrons à notre service. Nous sommes des gens, pas des produits. Je ne suis pas le produit de ce que j’achète, pourquoi je l’achète et à qui je l’achète.

Pour tout ce qui précède, je suis indigné. Je pense que je peux le changer. Je pense que je peux aider. Je sais qu’ensemble nous pouvons. Je pense que je peux aider.

Je sais qu’ensemble nous pouvons.

Commentaires

1. Le jeudi 26 mai 2011, 03:06 par Laratapinhata

Non. Pas ensemble. Ensemble nous sommes vulnérables: depuis des décennies,les Sciences Politiques forment à la manipulation des masses...Il n'y a que les initiatives individuelles, en ordre dispersé qui sont incontrôlables.
Je pense que si nous agissons systématiquement, en orientant tous nos efforts selon nos convictions , nous pouvons tout changer... Parce que sociologiquement nous ne sommes pas uniques, et n'y aurait-il que 2 ou 3 % de la population qui, sans concertation ,adoptent le même comportement, nous torpillons un système où la croissance se mesure au dixième de pour cent par exemple...
Je suis persuadée que les changements seront induits par des comportements marginaux, mais déterminés et pas par des mouvements majoritaires...
Paradoxalement , je ne prêche pas pour l'individualisme, au contraire... c'est la confiance en mes congénères qui me convainc que les grandes évolutions sont la confluence de multiples et petites variations...toujours dans le même sens.

2. Le jeudi 26 mai 2011, 07:24 par cultive ton jardin

Le despotisme éclairé? L'élite? Je crains que ça nous ramène assez vite à une autre oligarchie. Ça s'est déjà vu, non? Ce sont précisément ces individus "éclairés" qui finissent par se rassembler pour "organiser" les autres, pas assez méfiants, pas assez actifs.

Si internet offre quelque chose de nouveau (rien d'aussi grandiose que ce qui est proclamé ici ou là), c'est la possibilité de remplacer par une organisation en réseau une organisation pyramidale facile à contrôler par quelques uns. C'est la rapidité de la circulation des informations et leur variété. La possibilité pour chacun de faire le tri lui-même. Et la quasi impossibilité de faire disparaître les infos gênantes.

D'ailleurs, faut rien exagérer: en Espagne, ils sont nombreux, mais sûrement pas une majorité. Et certainement moins de 2 ou 3% de la population.

3. Le jeudi 26 mai 2011, 16:48 par Laratapinhata

Euuhhhh... Pourquoi le despotisme éclairée ?

Je suis une citoyenne lamda, j'aie confiance en mes capacités d'analyse et de jugement, je ne laisse personne me dire ce que je dois faire ou pas, et je ne dicte à personne son comportement... je pense qu'il y a au moins 2 % de la population qui sont sur la même longueur d'onde que moi (ce serait trop long d'expliquer comment j'arrive à cette estimation...) ... et j'agis consciemment dans tous les domaines de la vie quotidienne... Comme tous nos choix et tous nos actes ont des répercussions économiques, politiques et sociales... je suis convaincue d'avoir un impact sur la société...parce que stratégiquement 2 % qui agissent systématiquement,ça compte.

4. Le vendredi 27 mai 2011, 17:25 par lejournaldepersonne

Ruez-vous vers la rue !
¡Toma la calle!

Enfin…
Le peuple n’est plus une putain
Ni vilaine… ni vilain…
C’est Rimbaud qui te le dit :
Splendide est ta beauté
Après le printemps, l’été
Arabe, berbère ou andalou
Nous rappellent que le peuple c’est nous !
Indignons-nous… Indignons-nous !



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