Poisons

Fil des billets

jeudi 8 septembre 2011

Cochonnerie

J'avais 20 ans et le souvenir que j'ai de cette cochonnerie, pardon de cette porcherie, est bien vague. Une copine, qui ne voulait pas y aller seule, m'avait embarquée pour la Normandie. Un stage "Connaissance de le France". Franco allemand, c'était novateur en 1964. Je ne connaissais quasiment rien à rien, à peine quelques questions sur la torture en Algérie parce que des bouquins peu accessibles m'étaient pourtant tombés sous les yeux, peut-être aussi parce qu'une copine, une autre, m'avait dès 1958 parlé de son frère, revenu de là-bas irritable, solitaire, triste et hors d'atteinte. Mais c'est une autre histoire. Pour ce qui est de l'Allemagne, j'étais, bien sûr, pour la réconciliation, même si ma mère prétendait entendre encore le bruit de "leurs" bottes.

Nous étions en Normandie, à Caen, une vingtaine de jeunes français et françaises, une vingtaine de jeunes allemands et allemandes qui découvraient avec ravissement des plateaux de fromage dont ils ne savaient même pas que ça pouvait exister. Qui découvraient aussi les plages du débarquement, les musées patriotards, les immenses cimetières, et les micro-trottoirs où ils se faisaient parfois traiter de "sales boches". Ce n'étaient pas n'importe quels allemands, pour avoir choisi la France et qui plus est la Normandie, mais quand même, "sales boches".... pas facile à avaler, quand on est né "après", qu'on est plein de bonne volonté réconciliatrice et de culpabilité désolée mais impuissante.

On ne faisait pas que dans la nostalgie pacifiste, on s'intéressait aussi au développement économique de la région. A son développement agricole. On était alors en plein enthousiasme paysan, fini les péquenots aux sabots crottés, l'agro-industrie sortait de terre. Au sens propre, puisque c'est un élevage de cochons hors sol que nous avons visité ce jour là. Je me souviens que pour y entrer, nous avons dû nous déguiser en assistants de bloc opératoire. Sur-chaussures, blouses, chapeaux. Peut être pas masques, mais l'idée y était. Cet élevage, pour protéger les animaux des maladies, était conçu parfaitement isolé du monde extérieur. Confiné de chez confiné.

Je ne connaissais rien à rien, mais j'avais été assez éberluée d'apprendre que, toujours pour protéger les porcelets de ces fameux microbes, les truies n'accouchaient pas: elles étaient césarisées!!! Dites-moi que j'ai rêvé tout ça, je me demanderai si vous n'avez pas raison. En contrepartie, nous expliquait le guide mi-figue mi-raisin mais pas apostat pour autant, une hygiène rigoureuse était indispensable, un seul microbe un peu dégourdi qui rentre et c'est l'hécatombe. D'où les sur-chaussures, blouses et calots.

Je crois me souvenir que c'était expérimental. Je suppose, sans certitude, que les césariennes sur truies n'ont pas tenu le coup longtemps. Mais l'idée était là, qui n'a cessé de s'améliorer. En pleine psychose de la grippe aviaire, quand on nous bassinait sans arrêt avec l'indispensable confinement de nos basses cours minuscules, quand un oiseau sauvage était pire qu'un avion menaçant le WTC, un élevage entièrement confiné de 20000 volailles a été attaqué par un de ces foutus microbes. Elles ont commencé à mourir comme des mouches sous un nuage de Fly Tox. Il a fallu abattre, bien sûr les survivantes, ou plus exactement celles qui tardaient à mourir. Nettoyé en quelques jours, un élevages de bêtes qui n'avaient JAMAIS connu la lumière naturelle.

Joyeux noël: c'étaient des dindes.

dimanche 26 juin 2011

Bon appétit, bien sûr!

"Mange, mon petit, mange", pensai-je. J'avais reconnu l'emballage. Le producteur était un de mes clients. Tous les mois je lui fournissais plusieurs quintaux d'ovoproduits. En provenance d'une entreprise de recyclage de déchets des environs de Turin qui, au lieu d'écouler les oeufs pourris, cassés, infestés de parasites, en nettoyait la putrescine et la cadavérine et les transformait en une bouillie conditionnée dans de commodes petits bidons de cinq litres, prêts à être versés dans les pétrisseuses des confiseries industrielles. Et le goût ne devait pas être mauvais, vu l'avidité d'adulte avec laquelle le gamin mordait dans son goûter, sans en laisser tomber une seule miette entre les sièges."

Il commence fort, le polar que je suis en train de lire. Je vous le conseille. Il a été publié en 2007, traduit en français en 2010, mais il évoque furieusement une actualité beaucoup plus récente.

"La règle numéro un, c'était de ne jamais exagérer avec le frelatage pour éviter que les consommateurs ne clamsent après avoir avalé un beau plat de spaghetti aux palourdes. (...) La deuxième règle (...) il fallait distribuer le produit en petites quantités, mais dans le plus grand nombre possible de magasins et de supermarchés. La troisième règle, c'était de toujours savoir comment ça avait été trafiqué, parce qu'on ne pouvait faire confiance à personne dans ce business. Des cons pouvaient te refiler un lot qui te bouzillait ta place à vie."

Sur la fin, le héros refile ses contacts "commerciaux" à un ami auquel il ne veut aucun bien:

"Parenti n'avait pas de style, et surtout il n'avait pas compris les délicats équilibres du marché des aliments frelatés. Il ne faisait attention qu'au prix et il allait inonder la Sardaigne d'une merde infâme. Je me gardai bien de le prévenir que le jeu ne tenait que si l'hyper-merde ne représentait que 20% des ventes. Le reste devait être de la merde, un minimum de qualité étant nécessaire pour donner une couverture décente à ce business. Avec ce genre de choix de produits, ils allaient avoir de sérieux problèmes d'ici deux ans au plus tard, mais ce n'était plus mes oignons. "

C'est un polar, on pense que ça force le trait au delà du vraisemblable, et on rigole. On a peut être tort. Le bouquin a été écrit par Massimo Carlotto, qui en a déjà écrit d'autres. Seulement, cette fois, il n'est pas seul: il a travaillé avec Francesco Abate. Qui est... journaliste. Et la quatrième de couverture évoque "une très solide documentation". Gloups.

Bon, comme je vous ai rien révélé de l'intrigue principale et que ce joyeux cynisme est hilarant de bout en bout, rien ne vous interdit de prendre beaucoup de plaisir à la lecture de ce bouquin. Et... bon appétit, bien sûr!

jeudi 16 juin 2011

La perle du jour

Vous avez remarqué comme je suis paresseuse? J'écris plus rien et à peine je lis. Mais de temps en temps je ramasse une perle qui me fait vraiment rire, de ce rire fêlé qui remplace le pleurer.

Aujourd'hui, la perle, c'est sur Bastamag. Un site que j'aime bien, que je vais voir régulièrement, parce qu'il sait articuler la militance écologique avec celle pour les droits humains conçus non pas comme un droit de "cause toujours", mais comme le droit de tous, sur toute la planète, à la vie. La vie et rien d'autre, le droit de manger des choses vraies, de respirer de l'air pur, de boire de l'eau non polluée, de se protéger du chaud et du froid, de s'éduquer, de se soigner. Le droit d'aimer.

Des petits malins se sont fait passer auprès d'une ONG environnementale pour un fabricant d'armes en quête de respectabilité: « Nous leur avons dit qu’une de notre principale stratégie pour préserver l’environnement était le recyclage des éclats d’obus des zones de batailles, que nous utilisions pour fabriquer de nouvelles bombes ». C'est trop gros, ils vont se faire jeter méchamment? Ben non. Mieux que ça: on va leur proposer d'adopter un rapace comme mascotte. Paraît que certaines espèces de rapaces sont en danger.

Pas toutes apparemment, en voilà une qui prospère! c'est pas sympa pour les rapaces, ma blague. Comme mascotte, on pourrait pas plutôt leur proposer un vampire? Avec des canines dégoulinant d'un sang verdâtre?

vendredi 10 juin 2011

Uranium ENRICHI à Falloujah?

J'ai entendu ça, cette information monstrueuse, sur France Info, et je ne le retrouve nulle part ailleurs. Aucune de mes promenades matinales sur le web ne fait référence à ça, à la possible expérimentation à Falloujah de NOUVELLES armes atomiques. Que des vieilles histoires (déjà assez terribles) d'uranium APPAUVRI, ce qui n'est pas du tout la même chose pourtant. Rien sur Google, rien sur rezo.net, rien sur @si. Au point que j'ai cru avoir rêvé.

Mais non, pas rêvé, c'est bien sur le site. Repris par personne, on dirait, en tous cas par aucun des sites où j'effectue mes promenades matinales.

Ohé? Ya quelqu'un?

mardi 31 mai 2011

Mensonges nucléaires

Un tout petit mensonge, mais qu'on nous serine en espérant qu'à force de le répéter il devienne vrai.

mercredi 4 mai 2011

Éclaircissements

J'ai l'occasion de feuilleter parfois la revue Prescrire, rendue momentanément célèbre par le scandale du Médiator. Momentanément, paske bon, on a pas que ça à faire, ya des mariages princiers, des béatifications, des assassinats politiques qui méritent notre attention bien davantage que quelques pékins (pékines?) pas bien malins qui ont essayé de maigrir sans se préoccuper de leur régime alimentaire, dont certains sont morts, d'autres gravement malades à vie, et le plus grand nombre (de quoi ils se plaignent ceux-là?) "simplement" angoissés à l'idée que ça va peut-être leur tomber dessus, mais peut-être pas, et dans ce cas, de quoi ils se plaignent, hein? (bis). C'était sur ordonnance, vous dites? Ordonnance de médecins diplômés, inscrits au Conseil de l'Ordre, soucieux de s'informer régulièrement et de se former tout aussi régulièrement, grâce à la grande générosité des laboratoires, ayant fait le serment d'Hippocrate? Vendu en pharmacie, avec des pharmaciens tout aussi diplômés (mais je sais pas si ya un serment d'Hippocrate pharmaceutique)?

C'est ennuyeux, tout ça, parce que ça risque de saboter la nécessaire confiance que les malades doivent avoir en ceux qui les soignent, médecins, pharmaciens et labos, et en ceux qui les protègent (mal) d'éventuels margoulins, agences de ceci ou de cela.

Et voilà que Prescrire, non seulement ne se repent pas d'avoir altéré cette indispensable confiance, mais remet le paquet sur un autre terrain (de quoi je me mêle, c'est pas des médocs!) celui des cosmétiques éclaircissants. Apprenez, si vous l'ignoriez encore, qu'il y a d'autres moyens que les quotas pour "éclaircir" une équipe de foot un peu trop colorée: des crèmes, qu'on se tartine sur le visage et le corps. Descendez du métro à Barbès (et je suppose dans d'autres stations particulièrement ciblées on se demande pourquoi) vous verrez s'étaler sur les murs de l'escalier de sortie toutes sortes de pubs concernant ces dispensables substances.

Prescrire leur consacre un dossier de sept pages dont rien que les titres vous donnent la chair de poule: "Beaucoup d'effets indésirables graves" "Atrophies cutanées" "Effets systémiques des corticoïdes" "Intoxication mercurielle". Pas chiens, ils terminent par "etc...". Pour moi, etc... c'est broutilles et compagnie. En réalité, lisant l'article, je constate que certains des effets non mentionnés sont moins fréquents, mais plus graves, genre "Quelques observations de carcinomes cutanés" ou "syndromes néphrotiques". Bon, ben... c'est le moment de remercier dieu de m'avoir fait naître blanche, à défaut (le salaud), de ne pas m'avoir fait naître homme. Le gag, c'est que nombre des effets plus superficiels... sont particulièrement inesthétiques, vergetures, pigmentation inhomogène, acné, nodules... bref la plaisanterie renouvelée de l'aspartame qui fait grossir ou des produits de beauté qui accélèrent le vieillissement de la peau.

Le dernier titre est celui qui tue: "Mettre en garde les utilisatrices en âge de procréer". Ah bon? Pourquoi? L'article commence par "Les femmes utilisant des cosmétiques éclaircissants sont souvent jeunes et en âge de procréer". Évidemment, comme le note élégamment un commentateur masculin (Olivier, 7h38) à propos d'une autre pratique "cosmétique", quand on est vieille, moche et qu'on a du poil aux pattes, on se soucie comme d'une guigne de s'améliorer le faciès ou autre chose en se tartinant au mercure, aux phtalates ou aux parabènes. On se résigne, et basta. Bref, l'article continue: "Les substances qu'ils contiennent sont nombreuses, de nature souvent inconnue, et sont susceptibles de traverser la peau et le placenta". Avec, comme conséquences, des malformations parfois graves pour un éventuel enfant.

Bon, là, je sens que vous avez votre dose. Je voulais poursuivre sur les "perturbateurs endocriniens", mais bah, j'ai pitié. C'est le printemps, les scarabées dorés volent bas et lourd, les papillons se multiplient, un oiseau a fait son nid sous mon toit, mes pommes de terre font vingt centimètres, mes carottes dix, les coquelicots sont en fleurs (j'allais écrire en pleurs, comme quoi mon optimisme est un peu surfait). Je vais repiquer la moitié de mes plants de tomates, gardant l'autre moitié en réserve au cas où saints de glace et lune rousse seraient en embuscade derrière ce printemps particulièrement précoce et peu arrosé.

Mon jardin m'appelle, j'y retourne.

mercredi 23 mars 2011

"Qui a tué l'écologie" de Fabrice Nicolino

Il commence bien, le dernier bouquin de Fabrice Nicolino:

"Un spectre hante désormais le monde de l'écologie, et c'est celui de la mignardise" La mignardise? C'est à dire? "Il faut être gentil, constructif, bienveillant, positif, bien élevé".

Vous savez quoi? Je me sens un peu visée. C'est tellement plus sympa d'être sympa. Sauf qu'après la lecture du bouquin, me vient une image, celle d'une fable de La Fontaine, "Le lion amoureux" je crois. Le lion amoureux demande la main d'une bergère. Son futur non-beau père, n'osant le mécontenter d'un refus frontal, le persuade amicalement de se laisser rogner les ongles et limer les dents. Il suffira ensuite de lâcher sur lui quelques chiens pour s'en débarrasser sans mal.

Fabrice Nicolino annonce plus loin la couleur, sa couleur, que ceux qui suivent régulièrement son blog et ses bouquins connaissent très bien: jamais content, toujours fâché. Il a pour cela un bon motif: "Il est à mes yeux certain que la crise de la vie sur terre commande tout. Devrait commander toutes les actions humaines". Tout est dans ce "devrait". Car, manifestement, la crise de la vie sur terre est très loin de commander toutes nos actions. Or, il y a urgence, et nous perdons un temps précieux, qui nous rapproche du point de non retour.

Encore une citation? "Je fais partie de ceux qui veulent refonder le monde sur des bases humaines. Un tel programme est devenu extrémiste, mais je n'y suis pour rien."

Tout au long de presque 300 pages, le livre va nous présenter les acteurs du Grenelle de l'environnement. Les "officiels", d'abord. Jouanno, Kosciusko-Morizet, Borloo. Portraits au lance flammes. Au passage, il rappelle ce que furent les accords de Grenelle en 1968: la fin d'un beau feu d'artifice, finie la récré, bouquet final et tout le monde à la niche. Puis élections, une écrasante majorité de droite submerge l'assemblée nationale. Les étudiants, dont beaucoup ne votaient pas, la majorité était alors à 21 ans, en sont restés sur le cul, comme devant le spectacle d'un immense prestidigitateur, l'émerveillement en moins. La rage plutôt. Du coup, la résurgence de ce mot de Grenelle prend tout son sens.

Puis il passe à quatre des "invités", quatre puissants mouvements écologiques ayant participé à ce Grenelle. WWF, Greenpeace, la Fondation Hulot et France Nature Environnement. Leur histoire, leur évolution, leurs oeuvres.

Aux amis du WWF, Fabrice Nicolino déconseille le chapitre 3. Je le leur conseillerais plutôt. car, tant qu'à donner de son temps et de son énergie, et de nombreux militants de base en donnent beaucoup, à une institution, autant savoir ce qu'elle en fait in fine. Je vais pas tout vous raconter. Sur deux thèmes, Fabrice Nicolino est implacable et indiscutable. Ce qui lui donne pas mal de légitimité sur les autres sujets. Le soja "responsable" (et transgénique), il en a déjà parlé dans le bouquin intitulé "Bidoche". Pour faire court, nous nourrissons notre bétail avec des aliments volés aux pays pauvres. Les biocarburants, c'est dans "La faim, la bagnole, le blé et nous" qu'il en a détaillé les ravages: nos voitures se mettent, elles aussi, à affamer le monde. On peut rajouter le sucre en monoculture, l'huile de palme, grosse consommatrice de forêts primaires, le ciment. Le tout assaisonné de plein de liaisons dangereuses avec de grandes transnationales en quête de respectabilité. Comme il a l'air triste, le petit panda, quand je termine le troisième chapitre...

Greenpeace a une belle histoire. Et qui résonne fort avec l'actualité. Au point de départ, un "Marine's" qui démissionne quand il apprend Hiroshima, et se lance, avec sa femme Sylvia, dans une croisade pacifiste. Ils protestent activement (deux mois de taule quand même, hé?) contre les essais nucléaires atmosphériques des îles Marshall. C'est un marin, alors il fait avec ce qu'il connaît, les bateaux. Le relais sera pris par d'autres, sur terre et sur mer, toujours contre le nucléaire et les dangers qu'il fait courir, surtout en zone sismique. Jusqu'aux "cinglés du Phyllis Cormack" (je crois que Fabrice Nicolino a une tendresse pour les cinglés) qui seront à l'origine du nom et du mythe. Comment expliquer que, partie de militants qui ont fait beaucoup avec peu, une association dérive jusqu'à ne pas faire quelque chose dont elle a pourtant les moyens? Je vous laisse découvrir. Sur l'Afrique, sur les biocarburants, Fabrice Nicolino, qui a travaillé avec eux, n'a pas réussi à les motiver. Pourquoi?

Sur Nicolas Hulot, Fabrice est presque indulgent. Après tout, il a "bougé", alors qu'il avait une position tranquille, confortable, installée, dont il lui suffisait de toucher les dividendes. Au sens figuré, mais aussi au sens propre, car ses "liaisons dangereuses", industrielles, médiatiques et politiques sont innombrables et (in)conséquentes. Liens qu'il n'a pas rompu en se convertissant à l'écologie, liens qu'il imagine utiles à son combat alors qu'il sont incompatibles avec lui. Ah, tiens, quelque chose qui me parle en tant que femme: Nicolas Hulot a rassemblé un "Comité de veille écologique", composé de vingt sept membres. Dont une femme. Blancs, mâles, vieux et riches. Je triche un peu, riches, j'en sais rien, et ça se voit pas sur la photo. Mais notables, sûrement.

À propos de France Nature Environnement, (dont il fait partie par l'intermédiaire de l'association "Bretagne Vivante"), Fabrice Nicolino écrit: "Chacun sait que les nitrates jouent le rôle premier dans la prolifération des Algues vertes. Or, 96% des nitrates qui arrivent sur le littoral breton proviennent des engrais agricoles et des déjections des animaux d'élevage. Mais FNE préfère parler de la lessive et des particuliers, dont l'effet sur les marées vertes est dérisoire." Et la récente actualité semble le démentir: FNE vient de se faire un joli coup de pub en sortant six affiches, dont deux censurées à l'affichage. Une surtout, qui concerne les algues vertes, et qui fera une belle carrière sur internet. Le petit garçon jouant dans la "verdure". Sauf que, du coup, on comprend mieux pourquoi ils ne le faisaient pas. Subventions menacées, procès, pressions locales plus que virulentes voire procès ET pressions...

"Un fil à la patte"? Ou une lourde chaîne? Ou, plus simplement, la corde qui peut aussi bien "soutenir" que pendre?

Dans la suite du bouquin, il sera question d'être à la fois aveugles, sourds et muets, de "couteau sans lame", de développement insoutenable. Un bon résumé de la situation: "...pleurnicher chaque matin sur la destruction de la planète, avant d'aller s'attabler le midi avec l'industrie, dont le rôle mortifère est central, puis d'aller converser avec ces chefs politiques impuissants,pervers et manipulateurs qui ne pensent qu'à leur carrière avant de signer les autorisations du désastre en cours."

Selon Fabrice Nicolino, le salut pourrait venir (s'il vient) des jeunes, qui sont l'avenir (et qui vivront plus longtemps que nous dans ce monde de fous), et des gueux, paysans pauvres d'Afrique ou de l'Inde, "mingong", vagabonds chinois qui sont 200 millions, Inuits, Indiens d'Amazonie, indigènes des ïles Andaman. Pour ce qui est de notre petit pré carré, hexagonal je veux dire; il ne jette pourtant pas complètement l'éponge: "Voici venu le moment de vérité. Il va falloir se lever, ou se taire.

Vous aurez compris que ce livre m'a passionnée et bouleversée. Je dois rajouter un élément important, qui est la marque de fabrique des bouquins de Nicolino: une impressionnante documentation, très précise, historique et actuelle, beaucoup de noms, de faits, de dates. Ce qui aurait pu être de l'esbroufe en d'autres temps est désormais une marque indiscutable de sérieux: des procès innombrables guettent les imprudents, et on peut passer dix ans de sa vie à galérer pour une histoire de virgule. Demandez à Denis Robert.

samedi 12 mars 2011

Nucléaire sous contrôle au Japon?

Nucléaire sous contrôle, on sait pas. Information sous contrôle, probable. On voit affleurer, au compte gouttes, ici et là, quelques sujets de perplexité.

Pour les mauvais esprits qui trouveraient suspectement lénifiantes les infos qui nous parviennent sur le nucléaire japonais, voici quelques infos moins soft.

A moins que vous ne "préfériez" celles-ci.

Mais par quelle aberration un pays qui a vécu Hiroshima et Nagasaki a-t-il pu....

mercredi 9 mars 2011

Notre poison quotidien

Réservez votre soirée du mardi 15 mars. Marie Monique Robin, à qui nous devons déjà "Le Monde selon Monsanto", livre et film, récidive avec "Notre poison quotidien". Le film passe sur ARTE le mardi 15 mars à 20h40, le livre publié aux éditions La Découverte est en librairie depuis le 7 mars. Et pour vos petites soirées entre amis (buffet bio de rigueur pour que la fête ne soit pas complètement gâchée), le DVD sortira le 23 mars chez Arte Vidéo.

Du champ à l'assiette, notre assiette, Marie-Monique Robin centre son enquête sur trois thèmes: les pesticides, l'aspartame et le BPA mieux connu, essentiellement à propos de biberons, sous le nom de Bisphénol A.

Les résidus de pesticides dans notre bouffe, dans l'eau, dans l'air, ça nous concerne tous, quelque effort que nous fassions pour nous nourrir sainement. L'aspartame, vous boycottez peut être tout ce qui se prétend "light"... mais vous n'y échapperez pas. Yen a dans les médocs, surtout ceux pour enfants, encore plus pour nourrissons. Heureux parents qui n'êtes plus obligés de pincer le nez de vos bambins pour leur faire ingurgiter de force l'amertume qui leur fera tant de bien, c'est à l'aspartame que vous le devez. Merci qui? Quant au Bisphénol, vous croyez en être quitte parce que vous avez mis à la poubelle le bib de bébé, remplacé par un bib en verre (cassé trois fois) puis par un bib en plastique garanti sans BPA? Ben non, yen a partout, des BPA, dans les emballages, les revêtements intérieurs des conserves, partout vous dis-je.

Au delà de ces trois produits qui ne sont qu'une partie du problème, c'est tout un système que Marie-Monique Robin décortique. Un système que nous avons vu à l'oeuvre, et ça continue, à propos du Médiator, entre autres. Défaillant et inadapté, ce système qui évalue, contrôle, homologue des milliers de substances toxiques pour nous les faire... avaler?

Ou, au contraire, parfaitement performant, parfaitement adapté... à son objectif? Qui n'est pas celui que vous croyez.

mardi 1 mars 2011

Retour d'ascenseur

A Villeneuve de Berg on parle du Québec. Au Québec, on parle de Villeneuve de Berg. Merci à Basta à qui je dois ce lien.

C'est comme ça que je la vois, la mondialisation!

samedi 26 février 2011

Gaz de schistes, le minimum vital

Vous vous posez des questions sur les gaz de schistes et la fameuse technique de fracturation hydraulique... mais vous n'avez pas envie de vous prendre la tête avec de longs développements, ou même, décervelés par TF1, vous ne parvenez plus à lire des phrases complètes? C'est pas pour me moquer, hein, moi aussi ça m'arrive de regarder des conneries et de sentir mon cerveau se liquéfier.

En quelques clics, un croquis très parlant, quelques minutes de concentration, faut quand même lire un peu les consignes et les explications, vous saurez TOUT ce qu'il faut absolument savoir avant qu'ils ne transforment notre Douce France en meule à gruyère (pardon, je SAIS que le gruyère n'a PAS de trous, mais les expressions toutes faites, c'est bien pratique aux paresseux).

Le site s'appelle OWNI, et vous y trouverez plein d'autres trucs intéressants. Mais pour l'instant, allez juste voir là.

mercredi 16 février 2011

Obsolescence programmée

Les premiers "bas nylon" étaient indestructibles. Une ampoule capable de durer 100.000 heures a été conçue, elle n'a jamais été mise sur le marché. Au contraire, un gros travail de recherche a été fait pour que les ampoules standard ne durent pas plus de 1000 heures, et pour éliminer celles qui en auraient la peu commerciale fantaisie. Vous avez comme moi enragé de devoir mettre en décharge une cafetière dont seul le bouton d'allumage était cassé, ou une débroussailleuse sur laquelle une pièce de quelques centimètres était usée.

Tout ceci, loin d'être fortuit, est or-ga-ni-sé! et même ça porte un beau nom mystérieux: "Obsolescence programmée"

Diffusé hier mardi 15 février à 20H40 sur Arte, le documentaire "Prêt à jeter" sera rediffusé vendredi 18 février à 10H30 et jeudi 24 février à 03H25. Il vous éclairera sur les procédures perverses mises en oeuvre par des escrocs pour nous faire acheter plus, consommer mal, et remplir poubelles et décharges dont nous ne savons plus que faire: les brûler et empoisonner l'air, la terre et l'eau à la dioxine? Les enterrer? Les laisser à l'air libre pourrir visuellement et olfactivement les alentours de nos villes? Notre admirable civilisation mercantile périra enfouie sous ses propres ordures si nous n'y mettons pas le holà.

Si vous manquez la seconde diffusion, n'hésitez pas à faire sonner votre réveil à 3 heures du mat pour la dernière, ça vaut vraiment le coup.

Heureux les insomniaques.

lundi 10 janvier 2011

Ne laissons pas attaquer la revue "Prescrire"

Je vous ai déjà parlé, ici ou , et encore de la revue Prescrire. Elle vient d'acquérir, suite au scandale du Médiator, une réputation méritée dans le grand public. Cette réputation de sérieux, elle l'avait déjà, mais jusque-là de manière plutôt confidentielle. Elle est accessible sur abonnement aux médecins, et les médecins qui font l'effort de l'acheter et de la lire ne sont pas si nombreux que ça. C'est pourtant une quasi encyclopédie, d'une fiabilité peu ordinaire. Quelques articles sont en accès libre sur son site.

Elle coûte cher, pas difficile de comprendre pourquoi: d'une part, elle fait appel à de nombreux experts médicaux dont elle vérifie qu'ils ne sont pas porteurs de conflits d'intérêts (par exemple qu'ils ne sont pas employés par ailleurs par les laboratoires dont ils auraient à évaluer les produits, ce qui, quoique inadmissible et porteur de graves dérives, n'est pas si rare notamment dans les agences de surveillance sanitaire). Par ailleurs, elle est exempte de TOUTE publicité, ce qui est bien la moindre des choses. Comment évaluer correctement une spécialité pharmaceutique dont on fait par ailleurs la publicité et dont on dépend donc financièrement? Mais ça aussi, ça coûte cher, puisque les autres revues médicales sont gavées de ces pubs qui leur interdisent toute critique un tant soit peu sérieuse, et peuvent ainsi se distribuer à des prix bradés, voire même gratuitement.

Jusque-là, les labos stigmatisés par leur petit bonhomme (un cousin du bonhomme de Télérama qui vous indique les films à éviter et ceux à ne manquer sous aucun prétexte) se gardaient bien de moufter. "D'abord, ils vous ignorent" disait Gandhi. A quoi bon attirer l'attention sur une critique dont la diffusion est tellement restreinte que même les médecins sont peu nombreux à y avoir accès? Or, les récentes mentions de la revue dans les médias dominants, journaux nationaux et même télévision ont changé la donne. Prescrire commence à être connu. Donc à être, potentiellement, plus dangereux qu'auparavant. Jusque là, c'était "la voix qui crie dans le désert", et qui mettait de longues années avant d'obtenir le retrait de tel médicament dangereux, quand elle y arrivait. Le fait d'accéder à une renommée auprès du grand public en fait un interlocuteur incontournable, les agences chargées de notre protection (pffff...) ne pourront plus que difficilement ignorer ses avis.

La première attaque publique vient d'avoir lieu (merci Rezo.net, le Portail des Copains). La technique d'étouffement des "Lanceurs d'Alerte" sous les procès est bien connue. Le pot de fer attaque, peu importe qu'il gagne ou perde. Il a les moyens de payer, il a les moyens de tenir, il a les moyens de s'acharner. Comme pour Denis Robert, comme dans "L'argent de la vieille", celui qui tient le plus longtemps parce qu'il a le fric, celui-là gagne toujours, qu'il ait pour lui ou contre lui le droit ou la chance, peu importe, il tient, il reste.

Le médicament qui est l'objet de ce combat, c'est le Protopic°. Ça, c'est son pseudo, pour aller dans le grand monde. En privé, il porte le doux nom, peu commercial il est vrai, de "tacrolimus". Ici, faut que je vous explique la différence entre molécule de base et marque déposée. Prescrire, entre autres combats (et ya de quoi faire) insiste auprès des médecins et autres professionnels pour qu'ils utilisent plus systématiquement le nom de la molécule à la place du nom commercial. Pour éviter les confusions notamment. Le médicament que vous ingurgitez a ainsi deux noms: celui de l'état civil, le générique, celui qui désigne sans confusion possible la molécule, le principe actif. Et un pseudo commercial, qui peut varier selon les pays entre autres. Faut que ça sonne bien, un pseudo, et puis ça peut permettre de noyer un peu le poisson: en cas d'interdiction dans un pays, les cobayes que nous sommes ne feront pas facilement le lien, et nous ingurgitons dans notre belle France de nombreuses spécialités qui sont, sous d'autres noms, interdites depuis plusieurs années (c'était le cas du Médiator°) en Espagne, aux USA, et ailleurs. Soyons honnêtes, ça joue aussi dans l'autre sens, la thalidomide, de sinistre mémoire, aujourd'hui strictement interdite aux femmes enceintes, n'avait pas fait de victimes en France, n'y étant pas (encore?) autorisée.

Les laboratoires Astellas Pharma accusent donc Prescrire de "dénigrement". Et, en effet, Prescrire n'est pas gentil avec leur charmant tacrolimus alias Protopic° Dès 2003, la revue écrit en effet: "Trop d'inconnues pour utiliser cet immunodépresseur par voie cutanée". Prescrire est toujours mesuré et prudent dans ses avis. "Trop d'inconnues" est une expression à prendre chez eux très au sérieux. En 2004, Prescrire revient à la charge, indirectement, à propos du tacrolimus dermique "Quand les agences du médicament ne remplissent pas correctement leur mission de concourir à l'amélioration de la prise en charge des patients, c'est rendre service aux patients et à la collectivité que de le signaler publiquement". Ouh là, moi, j'aurais pas aimé. Pas gentil pour le labo, pas gentil pour les agences. Mais bon, apparemment, personne s'offusque.

En 2007, Prescrire enfonce le clou, toujours à propos du tacrolimus: "Les immunodépresseurs en pommade présentent une balance bénéfices-risques défavorable avec notamment un risque de cancers de la peau. Mieux vaut ne pas les utiliser".. "Risque de cancers de la peau". Alors là, ami lecteur, t'as enfin compris. "Balance bénéfice/risques", "ne remplissent pas correctement leur mission", "trop d'inconnues", bah, te fallait un dictionnaire. Là, non, tout le monde comprend beaucoup plus vite. C'est vrai que risquer un cancer de la peau pour soigner une crise d'eczéma, même importante, c'est un peu ballot, non? C'est ça que ça veut dire "balance bénéfice/risque": tout médoc a, potentiellement, des effets secondaires non désirés, parfois graves. la balance s'effectue alors entre la gravité et la fréquence de ses effets indésirables, et la gravité de la pathologie à soigner. Et bien sûr, l'existence par ailleurs d'autre méthodes de soin moins dangereuses. Vous risqueriez pas la mort ou "simplement" une atteinte cardiaque pour perdre quelques kilos, même pas pour soigner un diabète... sauf si on avait soigneusement négligé de vous mettre au courant, n'est-ce pas?

Or, non seulement Protopic est toujours sur le marché, mais en 2009, ses indications sont élargies à la prévention (mouarffff!). Ce qui met le petit bonhomme Prescrire très en colère. Il crie "Pas d'accord!", le petit bonhomme, exactement comme son cousin Télérama crie "Ah non!" devant un porno sado-maso imbécile et de mauvaise qualité. Et il rajoute, au cas où on serait dur de la feuille, un fameux coup de pied avec une gélule au bout. Parce que lui, il a des pieds, contrairement au cousin Télérama qui doit de contenter d'une grimace.

Donc, le labo, pas content, attaque en justice. Et comme je l'ai précisé plus haut, même s'il ne gagne pas, il atteint son but, il pompe le fric et l'énergie d'une revue qui a pourtant beaucoup d'autres labos (et agences) à fouetter. Par ailleurs, une campagne de dénigrement modérée et discrète se met tout doucement en place, tapie derrière les éloges: on parle dédaigneusement de site ringard, on sort le mot "ayatollah", on prétend "nuancer" leurs propos, alors qu'ils sont, justement, toujours très nuancés... quand il y a matière à nuance, bien sûr.

Amis lecteurs, je ne suis qu'une toute petite blogueuse jardinière, avec une audience microscopique. Mais parmi vous, il y a des blogueurs, je crois, nettement plus "influents". Ne laissez pas la revue Prescrire se faire étriller par un méchant. Ne laissons pas les "lanceurs d'alerte" en général payer au prix fort leurs audaces d'utilité publique. Faites passer!

mardi 21 décembre 2010

Allaiter? Je veux pas!

Vous avez décidé de ne pas allaiter votre enfant, vous avez vos raisons pour ça, rien à dire. Un médicament va vous aider. la montée de lait, ça peut faire mal, on n'aime pas avoir mal. On va vous prescrire, en prévention des possibles inconvénients, une molécule, la bromocriptine. Plus connue sous son nom de marque, le Parlodel°.

Vous ignorez, bien sûr, ce n'est pas à vous de la savoir, que ce médicament est incriminé dans des accidents de santé rares, mais potentiellement graves. La possibilité d'un choc de type "collapsus", dont la fréquence, difficile à estimer, pourrait se produire dans un cas sur 500, est évoquée dans la revue Prescrire dès février 1981.

Je vous passe tous les articles intermédiaires, ça finirait par vous ennuyer. Le Parlodel continue pourtant à être utilisé largement dans de nombreuses maternités, ainsi que d'autres marques de la même molécule ou des molécules voisines et tout aussi préoccupantes: on signale "un nombre important d’effets indésirables graves voire mortels, notamment cardiovasculaires et neurologiques".

Bon (non, pas bon du tout!).

D'autant que l'article (Prescrire, Novembre 2010) souligne que l’absence d’allaitement, sans autre intervention, occasionne rarement des complications sérieuses.Quand des douleurs (40 % des femmes) ou une inflammation des seins (10 % des femmes) surviennent, le paracétamol et des moyens non médicamenteux suffisent en général à soulager.

Dans un article en libre accès sur la question de la pharmacovigilance, la même revue Prescrire vous donne un conseil de bon sens: "... toujours penser en termes de balance bénéfices-risques (...) : pourquoi prendre le moindre risque quand il n'y aucun bénéfice tangible démontré?

dimanche 17 octobre 2010

Des risques qui n'en valent pas la peine

On parle beaucoup depuis peu du "Mediator°". Son nom "commun", le nom "générique", le nom de la molécule quoi, ignorants, est "benfluorex". Médiator° est son nom commercial. La revue "Prescrire", revue médicale dont certains articles (trop peu à mon goût) sont en accès libre, met en garde depuis des années contre ce médicament. D'abord à cause de son peu d'efficacité vraiment prouvée, puis de plus en plus souvent, à cause de nombreux effets secondaires dont certains graves ou très graves. 25 articles de 1986 à 2010, dont le premier, 1986 je répète, portait le titre "Mediator°, activité ou non?". A la question d'un médecin démarché par les labos pour ce nouveau médicament qu'on voudrait lancer à la place d'un autre, plus ancien et mieux connu dans ses effets indésirables, Prescrire répond "...les études cliniques dont a bénéficié le benfluorex n'ont pas bénéficié d'une méthodologie rigoureuse..."

En 2006, la revue titre un de ses articles "Des risques qui n'en valent pas la peine".

Allez lire ça, feignants, je vais pas vous mâcher le boulot. Et allez lire aussi, j'espère qu'il sera bientôt en libre accès, j'ai voté pour ça, l'article que Arrêts sur images consacre au livre qu'a écrit Irène Frachon, "Mediator, 150 mg" sur ce... "médicament" (ya pas un autre mot? Va falloir l'inventer. .

dimanche 19 septembre 2010

Semences impropres à la consommation?

Voilà ce qu'on gagne à toujours remettre au lendemain!

Après un été très occupé, il est temps de nettoyer mon jardin des vieilles récoltes, d'enlever les herbes pas toujours sympathiques qui se sont installées en douce, et de semer des engrais verts. Le Biau Germe, mon fournisseur habituel, en propose plusieurs pour la fin de l'été. Ma préférée, à cause de ses jolies fleurs bleues qui plaisent aux abeilles, c'est la phacélie. "Étant d'une famille botanique très différente de nos légumes, c'est une excellent manière de créer une rupture dans le cycle des parasites" me dit le catalogue. J'aime bien ça, chez Biau Germe, ils font ton instruction en plus de te vendre leur camelote, ils associent même parfois des recettes de conserves au descriptif des graines de ceci-cela.

La phacélie, c'est de mars à septembre, il est temps que je me bouge!

Seulement, voilà, je me bouge pas. Et un jour, en passant au Gamm Vert du coin pour un manche d'outil, je vois un très joli paquet de phacélie. Tout vert (tiens, un peu les couleurs de ce blog, (voleurs!), avec des commentaires bisounours: "Brin de Nature", "Semences vertes", "Phacélie engrais vert" "Semences certifiées". Le logo avec les deux flèches qui tournent en rond, je sais bien qu'il veut quasi rien dire, mais il est mignon, non, un peu "yin et yang".

La phacélie cause, comme chez Julien Le Pers, à la première personne: "Je suis une hydrophyllacée au développement rapide. On me sème à la fin de l'été. Je suis un engrais vert. On m'utilise comme fertilisant naturel. Je contribue à l'amélioration de la structure du sol". Ils se paient même le luxe pédagogique de t'expliquer ce qu'est un engrais vert, dans un rond d'un bel orange ensoleillé. Plus écolo tu meurs.

Sales escrocs!

Aujourd'hui, je descends au jardin semer ma phacélie. Et je découvre sur le côté du paquet, pas attractive du tout contrairement au reste, une étiquette blanche mâchurée de petites lettres noires: "Pays de production: Pologne. 50% semences, 50% enrobage". Bon, ils me piquent déjà la moitié des 500 grammes qu'ils ont prétendu me vendre. Puis, encore plus petit (heureusement je suis myope, il me suffit d'ôter mes binocles): "Semences impropres à la consommation humaine ou animale". Ça tombe bien, j'avais pas prévu de la manger, ma phacélie. Mais quand même... qu'est-ce qu'ils ont bien pu foutre comme enrobage pour que ce soit toxique au point de rajouter "Prendre toutes précautions pour éviter la consommation par le gibier, ne pas laisser à la surface du sol".

Et je me rappelle d'un coup que l'apiculteur du village m'a raconté avoir perdu une cinquantaine de ruches parce que son voisin avait semé des graines enrobées. Aucune indemnisation bien que le lien de cause à effet soit établi,. Le voisin était en règle avec la loi, qui interdit l'insecticide vaporisé sur les fleurs, mais l'autorise en enrobage de semences, alors que manifestement ça passe dans les fleurs.

J'ai intérêt à pas remettre au lendemain pour couper ma phacélie avant floraison!

jeudi 15 juillet 2010

Bon appétit? Ou bonne chance?

Comme le dit Pierre Rabhi, au moment de se mettre à table, il faudrait plutôt se souhaiter bonne chance que bon appétit. Bastamag titre aujourd'hui "Un pesticide par jour". En théorie, c'est possible, selon Agnès Rousseaux, puisqu'il y en a 365 d'identifiés. Hélas, en pratique... on en mange probablement beaucoup plus.

Même les aliments pour bébés, même les produits bio ne parviennent pas à y échapper complètement.

Mais dormez tranquilles, braves gens, l'EFSA, Autorité européenne de sécurité des aliments, estime qu'il n'y a pas vraiment de risques.

Par ailleurs, nos autorités, soucieuses de ne pas laisser s'infiltrer de vilains petits canards, après avoir harcelé les fabricants de purins d'ortie en faisant traîner les textes sur les "préparations naturelles peu préoccupantes", commencent à chercher des poux dans la tête des AMAP.

Ah mais, c'est qu'on peut pas laisser n'importe qui faire n'importe quoi!

jeudi 4 mars 2010

Patates transgéniques?

Aux armes, citoyens, formez vos bataillons!

Les hordes barbares de la CESM (Commission Européenne de Soumission aux Multinationales) s'attaquent au coeur de notre identité potagère et culinaire, la PATATE!

Alors que des pourcentages massifs de citoyens européens sont soit méfiants par rapport aux OGM, soit carrément hostiles, voilà que l'Europe (ou ce qui prétend être l'Europe) donne son feu vert à une monstruosité, la pomme de terre transgénique. Oh, bien sûr, ils sont courageux, mais pas téméraires, ils ne prétendent pas (quand même!) nous la faire manger, enfin... pas tout de suite. Pour l'instant, ils vont en faire de la colle BASF et faire manger les restes aux (pauvres) bêtes dont nous nous nourrissons (trop abondamment, voir le bouquin de Fabrice Nicolino). Ils rentrent par la petite porte, mais l'essentiel n'est-il pas de rentrer? En essayant de faire oublier que cette... créature possède un gène de résistance aux antibiotiques, précisément ce que les directives européennes elles-même considèrent comme inacceptable.

Tant qu'à faire, je suggère que la colle de fécule transgénique soit labellisée "bio", en argumentant que remplacer d'horribles produits chimiques par de la bonne fécule de patates est un indéniable progrès. Paraît que dans le bâtiment, le bio a le vent en poupe. Maintenant que les braves petits militants avec leurs petites mains courageuses ont fait le boulot le plus chiant, celui qui coûte et qui rapporte guère, la promotion de produits inconnus du grand public, leur homologation, l'amorce de leur commercialisation, les grandes surfaces commencent à trouver le créneau rentable et ramassent la mise. Obligeant au passage les pionniers à s'adapter pour survivre. Dans un dossier spécial "Où va l'habitat écologique", un article des "4 saisons du Jardin Bio" de mars/avril (n°181, vendu en kiosque) intitulé "D'un marché de niche à un marché de masse" fait cette constatation mitigée: les consommateurs iront désormais... chercher des conseils chez les petits distributeurs écolos, et acheter la marchandise en grande surface. On pourrait paraphraser Rabelais, lorsque son Gargantua, "pleurait comme une vache" la mort de sa tendre Badebec, tout en riant comme un veau à son petit Pantagruel tout frais éclos. Malgré la mort économique programmée de nombreuses petites surfaces pionnières, c'est en effet une bonne nouvelle, car c'est bien la pression des consommateurs qui est à l'origine de cette conversion intéressée. Seulement, il va falloir les surveiller de près, ces profitueurs (c'est pas une faute de frappe), qu'ils ne nous fassent pas prendre leurs vessies pour du bio.

La pression des citoyens sera-t-elle suffisante pour faire reculer les géants de la transgénie? Nous le saurons au prochain épisode d'un feuilleton dont nous sommes les héros. La commission européenne accordant généreusement à chaque pays la décision finale, l'Autriche et l'Italie ont déjà refusé, la France se tâte... Mais l'offensive est commencée: il y a peu, un "C dans l'air" consacré à l'agriculture abordait benoîtement par la marge la question du transgénique, et (surprise?) tous les invités y étaient unanimement favorables. Choisis, donc, parmi les 7% de Français qui trouvent que le transgénique c'est vachement bon, pas dangereux du tout et que ça va nourrir le monde. Après avoir engraissé Monsanto évidemment, car il est bien connu que plus gros est le gâteau, plus grosses sont les miettes qui tombent sous la table. Et le petit peuple, surtout quand il est basané et même plus, adore se goinfrer de miettes sous la table des puissants.

Que tout ça ne nous empêche pas de cultiver notre jardin. Le numéro 181 des 4 saisons consacre également un dossier à la pomme de terre cultivée sous une couche de paille. Je vous laisse le soin de lire et de conclure. C'est vrai que ce doit être plaisant à ramasser. Je tenterai peut-être une rangée ce printemps. Je vais déjà acheter mes semences, des fondantes pour le gratin, des fermes pour la cuisson vapeur et bien sûr pour le poteau-feu, et les mettre à germer. J'ai expédié ma commande de graines à Biau Germe, et semé une rangée de fèves pour faire plaisir à mes coccinelles. Par contre, le grelinage, à peine amorcé sur les parties les moins humides de mon jardin, est en panne: la pluie vient de recommencer à tomber. Je me console de ce contretemps en pensant que ça refait le niveau de la nappe phréatique et que, peut-être, ma source, qui a recommencé de couler à la fonte des neiges, ne tarira pas en plein mois d'août comme l'an dernier.

mercredi 24 février 2010

Cancers et environnement

Vous trouverez l'article complet sur le site de l'hebdomadaire "La Vie", sous le titre "L'omertà se fissure",

Ce jeudi 25 février, un collectif de jeunes étudiants lance un appel de la jeunesse "pour que cesse l'augmentation du nombre des cancers et pour que le lien entre l'environnement et la santé soit mieux considéré". Mais il y a bien longtemps que cette fameuse "omertà" (de quelle mafia nous parle-t-on?) aurait dû se "fissurer", voire carrément se désintégrer si les informations, celles qui nous intéressent vraiment, celles qui concernent notre vie même, étaient correctement répercutées par ceux qui en ont la mission.

Le "Grenelle de l'environnement" en 2007, s'était fixé comme objectif de "réduire de moitié l'usage des pesticides en dix ans, si possible". La modestie de l'objectif ("réduire de moitié") et le délai ("en dix ans") ferait sourire s'il ne s'agissait pas de nos vies, de celles de nos enfants et petits enfants. Mais le "si possible"? Que penser de ce "si possible" qui réduit à rien le timide engagement précédent? Si possible signifie, hélas, si les fabricants de poison veulent bien nous laisser faire. Et pourquoi ils le voudraient? Leurs résistances passées nous ont bien prouvé que c'est une douce rêverie de l'imaginer.

L'abstention des journalistes (sauf quelques-uns), la lâcheté des politiques, on pourrait les comprendre. Mais que dire du silence des syndicats? Car ces poisons qui pourrissent notre environnement, leurs premières victimes sont ceux qui les fabriquent. Puis ceux qui les utilisent "en grand" dans leur activité professionnelle. La "défense de l'emploi" au péril de leurs vies? Perdre sa vie, au sens propre, à la gagner? Qui accepterait ce marché de dupes s'il était clairement posé? Les travailleurs de l'amiante, qui ont commencé de mourir par milliers et qui vont continuer longtemps auraient-ils été d'accord pour garder à tout prix leur emploi avec de telles perspectives?

N'est-il pas temps de reconsidérer drastiquement notre manière de vivre et de produire? Et d'abord d'exiger, de nous procurer par tous les moyens, une information fiable et honnête sur ces poisons qui nous entourent, sur ces empoisonneurs qui nous gouvernent?

mardi 15 décembre 2009

Elevages concentrationnaires et virus en mutation

Un billet très court pour vous signaler un reportage remarquable de la télévision suisse romande, sur le contexte dans lequel est apparu le virus H1N1 dont on nous a fait un tel épouvantail. Le vent de panique qui a soufflé à propos d'une possible pandémie et qui s'est révélé injustifié n'était peut-être pas si irrationnel que ça. Un virus vraiment méchant aurait bien pu apparaître, pourrait bien apparaître un de ces jours, les conditions de l'élevage industriel y sont tout à fait propices et les scientifiques le savent.

Le reportage dure 43 minutes, c'est long, mais ça vaut qu'on prenne le temps. Il explique en détail, témoignages et images à l'appui, ce qui se passait à La Gloria, au Mexique, lorsque le virus y a été repéré pour la première fois. Ce qui s'y passe probablement encore. Et ce qui, peut-on imaginer, se passe ailleurs sur tous ces territoires sacrifiés où les élevages concentrés de porcs et de volailles apportent nuisances environnementales et sanitaires. Tout ça pour que nous puissions acheter à des prix de rêve une viande de cauchemar.

Même si vous refusez de devenir végétarien (ce qui est mon cas), même si vous vous foutez complètement de l'environnement (ce qui devient rare), même si vous faites parti des décomplexés qui pensent "que le monde crève pourvu que je m'empiffre", même si vous avez très peu de sous et que la viande à bas prix est une aubaine, presque une obligation, réfléchissez-y à deux fois avant d'ingurgiter certaines charcuteries, côtelettes, plats cuisinés surtout, on se méfie jamais assez des trucs tout prêts, c'est là que finissent les produits les plus frelatés, ni vu ni connu je t'embrouille.

Ecoutez attentivement ce reportage, et lisez ou relisez "Bidoche" de Fabrice Nicolino. On n'y parle ni de La Gloria, ni du H1N1 (paru trop tôt) mais son propos n'en est que plus convaincant car tout y est déjà en germe. Et son sous-titre, "L'industrie de la viande menace le monde" qui pouvait apparaître excessif ou grandiloquent, prend tout son sens.

Joyeuses fêtes!

- page 1 de 2